Cameroun : Tensions post-électorales après la présidentielle, un candidat revendique une victoire écrasante

Au Cameroun, la tension politique ne faiblit pas après la présidentielle du 12 octobre 2025. Le Conseil électoral a annoncé ce jeudi la mise en place officielle de la Commission nationale de recensement général des votes, chargée de compiler les résultats. Cette instance, installée à Yaoundé, marque une nouvelle étape du processus électoral dans un climat marqué par la méfiance et les accusations croisées.
Composée de 33 membres, la commission est présidée par Essombe Émile, membre du Conseil constitutionnel. Elle réunit des magistrats tels que Fonkwe Joseph Fongang et Ondoua Obounou Charles, cinq représentants de l’administration, cinq experts d’Elections Cameroon (ELECAM) pour l’appui technique, ainsi que douze délégués des différents candidats. Selon les autorités, cette configuration pluraliste vise à garantir la transparence du dépouillement et la crédibilité du scrutin.
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Cependant, la sérénité attendue autour de ce processus semble compromise. Le candidat du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), Issa Tchiroma Bakary, a revendiqué mercredi une victoire “avec plus de 80 % des voix”, affirmant détenir des preuves issues des procès-verbaux de ses représentants. Il accuse par ailleurs le pouvoir en place de manœuvres d’intimidation dans plusieurs régions du pays.
Ces déclarations ont immédiatement provoqué la réaction du ministre de l’Administration territoriale, Atanga Nji Paul, qui les a qualifiées d’“imposture” et de “comportement anti-républicain”. Le ministre a rappelé que, selon la Constitution, seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer les résultats officiels de la présidentielle. Ces derniers devraient être rendus publics au plus tard le 26 octobre 2025.
Alors que les regards sont désormais tournés vers Yaoundé, de nombreux observateurs appellent à la retenue et à la transparence. Pour l’analyste politique camerounais Mathias Owona Nguini, “le risque d’escalade est réel si les acteurs politiques continuent de délégitimer le processus avant la publication des résultats” (in Le Cameroun et ses élections, Éd. L’Harmattan, 2021, p. 184).
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Dans un contexte régional sensible, cette présidentielle constitue un test majeur pour la stabilité politique du Cameroun et la confiance des citoyens dans leurs institutions électorales.
Signé : Imam chroniqueur Babacar Diop













