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Cameroun/ Théâtre : Martin Ambara met en scène un texte philosophique de René Philombe sur le procès du pouvoir

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Le public de Yaoundé va découvrir en exclusivité, ce week-end, la nouvelle création de Martin Ambara (photo) au Laboratoire de théâtre Othni. Intitulée Nnang Ndenn Bobo, cette pièce est une adaptation d’un conte philosophique qui fait le procès de Dieu. L’histoire met en scène Nnang Ndenn Bobo, une araignée qui se targue d’être l’ami intime de Zama Ilopogo, le Dieu créateur. Celui-ci invite tous les animaux à une fête, mais son ami boude les festivités. Amené de force, l’araignée engage un procès contre Zama Ilopogo, au cours duquel elle l’accuse d’être « la personne la plus injuste parmi les justes ».

« Derrière ce procès, il faut en réalité voir le procès du pouvoir », explique Martin Ambara. Il ajoute que cette création, qui interroge la justice divine, illustre la capacité de chaque citoyen à questionner la justice de nos dirigeants. Le metteur en scène reconnaît d’ailleurs que « Nnang Ndenn Bobo » est une œuvre anarchique.

À l’origine, c’est l’auteur camerounais René Philombe qui propose cette histoire au public. Il entreprend de retranscrire ce récit de mvett de l’ethnie Eton, dans la région du Centre. Son texte, jugé subversif, sera longtemps interdit par le pouvoir de Yaoundé. Cette interdiction ne sera levée qu’au début des années 1990, avec l’avènement de la liberté d’expression. Décédé en 2001, René Philombe ne verra jamais Nnang Ndenn Bobo porté sur scène.

Quoi qu’il en soit, Martin Ambara démontre une nouvelle fois son goût pour les mythes africains. Il entame en 2004 un travail de redécouverte des grandes épopées du continent avec sa création L’Épopée des héroïques. Mais Martin Ambara, c’est aussi un briseur de codes. Il le prouve encore avec Nnang Ndenn Bobo, inspiré du chant de mvett. Là où l’on attendrait un joueur de mvett au centre de la scène, il choisit un contre-pied artistique : partir du jazz, du blues et de l’afrobeat — des dérivés du mvett — pour remonter jusqu’à la source. « C’est un voyage historique », conclut Martin Ambara.

Michel Ange Nga

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