Côte d’Ivoire / Les pas de danse de la Ministre Belmonde Dogo : quand la politique sociale devient chorégraphie publique
📍 Analyse et opinion – Par la rédaction Afrique Ouest (Dunia News)
En Côte d’Ivoire, certaines images valent plus que mille discours : une ministre qui danse, souriante, au milieu d’une foule reconnaissante. Cette scène a récemment enflammé les réseaux sociaux.
Mais derrière les pas de danse de Myss Belmonde Dogo, ministre de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, une question demeure : danse-t-elle pour célébrer des résultats… ou pour masquer les failles d’un système encore inégal ?
Une femme politique visible et fière de son action
Originaire de Gagnoa, ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale, Belmonde Dogo a su s’imposer dans un environnement politique où les femmes sont encore minoritaires.
Depuis 2021, elle pilote l’un des ministères les plus sensibles : celui qui touche à la pauvreté, aux inégalités et à la cohésion nationale.
Sous sa direction :
✅ Le Programme des Filets Sociaux Productifs (FSP) — plus de 500 000 ménages bénéficiaires selon les chiffres officiels.
✅ La prise en charge de la cotisation à la Couverture Maladie Universelle (CMU) pour les familles vulnérables.
✅ Des campagnes de communication populaires telles que “Gouv’Talk” et “Instant Cohésion”.
Son style : dynamique, public, connecté, souvent mis en scène.
Sa devise implicite : montrer que l’État est proche du peuple.
Des pas visibles… mais des résultats discutables
Officiellement, le taux de pauvreté est passé de 39,4 % en 2018 à 35 % en 2020.
Un progrès sur le papier, mais encore loin de la réalité vécue par des millions d’Ivoiriens.
“Ce qu’on voit à la télé, nous on ne le voit pas dans nos villages”, témoigne Mariam, habitante de Korhogo.
Les aides distribuées – 36 000 FCFA par trimestre, soit à peine 12 000 FCFA par mois – restent une bouffée d’air temporaire, pas un levier d’autonomie.
Et au-delà des chiffres, beaucoup se demandent : que deviennent les familles après trois ans d’aide ?
Dans certaines zones rurales, les bénéficiaires se comptent sur les doigts d’une main. Dans d’autres, les listes de sélection sont soupçonnées de “préférence politique”.
Quand la solidarité devient communication
Belmonde Dogo est une ministre moderne, médiatique, consciente du pouvoir de l’image.
Ses déplacements sont suivis, filmés, partagés. Ses discours sont calibrés. Ses danses, reprises et commentées.
Mais à Dunia News, nous posons une question simple :
La communication n’a-t-elle pas pris le pas sur la construction ?
Distribuer des aides est une chose. Construire des routes, équiper les hôpitaux, soutenir les agriculteurs et former les jeunes, c’en est une autre.
Et sur ces terrains-là, les chiffres restent muets.
Cohésion nationale : un concept encore en chantier
Le ministère associe désormais “lutte contre la pauvreté” et “cohésion nationale”.
Une ambition louable, mais fragile.
Car la Côte d’Ivoire reste traversée par des fractures régionales, économiques et communautaires.
Si Abidjan brille, le centre et le nord du pays se sentent encore marginalisés.
Or, la cohésion nationale ne se décrète pas dans un communiqué : elle se construit dans l’équité.
“Une vraie cohésion, c’est quand personne ne se sent oublié”, rappelait récemment un sociologue ivoirien à Dunia News.
Quand l’aide devient une vitrine politique, la confiance populaire s’effrite.
Les vraies questions que les Ivoiriens doivent poser
Qui contrôle la distribution réelle des aides sociales ?
Où va l’argent de la lutte contre la pauvreté ?
Quels ménages sortent durablement du dispositif après trois ans ?
Pourquoi certaines régions sont-elles toujours sous-servies ?
Les programmes sociaux sont-ils neutres… ou instrumentalisés politiquement ?
Ces questions ne visent pas une personne, mais un système.
Elles rappellent que la solidarité d’État n’a de valeur que si elle s’inscrit dans la justice sociale.
Danser, oui… mais sur un sol solide
Belmonde Dogo aime la vie, la proximité et le peuple — cela se voit.
Mais au moment où la pauvreté demeure un combat quotidien pour des millions d’Ivoiriens, la danse ministérielle peut être perçue comme un symbole double : celui de la joie d’agir, ou celui de la légèreté face à la misère.
Danser n’est pas le problème. Le problème, c’est de le faire sans entendre la musique du peuple.
À Dunia News, nous croyons que les dirigeants doivent laisser des traces plus profondes que leurs pas de danse : des écoles, des dispensaires, des ponts, des routes, et de la dignité retrouvée.
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