Crise du carburant au Mali : Assimi Goïta exhorte les citoyens à la solidarité et à la sobriété énergétique

Face à la pénurie aiguë de carburant qui secoue le Mali depuis plusieurs semaines, le président de la transition, le général Assimi Goïta, a rompu le silence pour appeler ses concitoyens à la responsabilité collective et à une gestion rationnelle de l’énergie.
Cette crise, exacerbée par les attaques de Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) — un groupe affilié à Al-Qaïda — contre les camions-citernes sur les grands axes routiers, a mis en difficulté l’approvisionnement du pays. Selon les autorités, plusieurs convois en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire ont été la cible d’embuscades meurtrières, entraînant la perte de vies humaines et la destruction de véhicules.
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S’exprimant lors de l’inauguration d’une mine de lithium dans le sud du pays, Assimi Goïta a tenu un discours d’un ton grave, insistant sur la nécessité pour chaque Malien de faire preuve de modération et de discipline :
« Le gouvernement travaille à trouver des solutions aux difficultés actuelles, mais certaines réponses doivent aussi venir des familles », a-t-il déclaré. « Ceux qui ont l’habitude de sortir plusieurs fois par jour en voiture ou à moto doivent comprendre que nous traversons une période difficile. »
L’armée malienne, engagée dans l’escorte des convois de carburant depuis les frontières jusqu’à Bamako, continue de subir des pertes. Le président a salué le courage des soldats tombés au front et a rappelé que malgré les attaques, le ravitaillement des villes se poursuit tant bien que mal.
Dans un message ferme, il a aussi dénoncé les détournements et la spéculation sur le carburant :
« Ceux qui revendent à prix fort ou détournent le carburant jouent le jeu de l’ennemi », a-t-il averti.
Cette crise met en lumière la fragilité structurelle du Mali, fortement dépendant des importations énergétiques. Les attaques contre les circuits logistiques testent la résilience du pays et la patience de sa population, déjà éprouvée par les sanctions régionales et les tensions sécuritaires.
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Selon le politologue malien Abdoulaye Sissoko, spécialiste des transitions africaines, « cette situation révèle la nécessité pour le Mali d’investir dans une autonomie énergétique durable, notamment par le développement du solaire et du biocarburant » (in Énergie et souveraineté en Afrique de l’Ouest, éd. Karthala, 2023, p. 187).
De son côté, le penseur sénégalais Felwine Sarr rappelait dans Afrotopia (Philippe Rey, 2016, p. 54) que « la souveraineté véritable d’un pays africain commence le jour où il produit sa propre énergie ».
Ainsi, au-delà des appels à la patience, la crise du carburant pourrait bien servir de catalyseur pour une réflexion nationale sur la dépendance énergétique et sur les moyens de bâtir une économie malienne plus résiliente.
— Par Imam chroniqueur Babacar Diop













