CROUS DE BAMBEY : Des soupçons de collusion entre soumissionnaires dans plusieurs marchés publics

Le Centre régional des œuvres universitaires sociales (Crous) de Bambey se retrouve dans la tourmente après la publication des résultats de l’audit de sa gestion 2022. Plusieurs marchés publics y font l’objet de sérieuses anomalies, mettant en lumière un réseau présumé de collusion entre fournisseurs.
L’un des marchés épinglés concerne les travaux d’installation de stores au niveau de la direction, attribué à l’entreprise Akim Travaux pour un montant de 4,6 millions de Fcfa. Les auditeurs relèvent que les lettres d’information adressées aux soumissionnaires évincés ne comportent pas les dates effectives de transmission, une omission qui jette le doute sur la régularité de la procédure d’attribution.
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Plus troublant encore, l’examen des offres présentées par Coumbis Investissement et Akim Travaux révèle des similitudes frappantes : même format, même présentation, comme si elles provenaient d’une source unique ou de sources étroitement liées. Cette situation contrevient au principe de transparence et de libre concurrence exigé dans les marchés publics.
Autre irrégularité : l’ordre de service pour démarrer les travaux (N°006/2022/Crous/Uad), daté du 19 août 2022, a été émis avant même l’approbation officielle du marché intervenue le 23 août 2022. À cela s’ajoute l’absence totale de justificatifs attestant l’exécution effective des travaux.
Les soupçons de connivence ne s’arrêtent pas là. Le marché d’aménagement d’espaces verts et de parking, confié encore à Akim Travaux pour 24,4 millions de Fcfa, présente les mêmes zones d’ombre. Les auditeurs ont découvert que les lettres d’invitation à soumissionner adressées à Sn Vision & Services, Aba Business Services et Akim Travaux ont toutes été déchargées par une seule et même personne.
L’analyse des offres de plusieurs sociétés, parmi lesquelles Sn Vision, Minane Invest, Aba Business Services, et Pic Business Service, met également en évidence des indices concordants de collusion : documents rédigés selon le même format, similitudes dans les devis et factures pro forma.
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Les mêmes irrégularités se retrouvent dans le marché d’acquisition de matériel et mobilier de bureau, attribué à Aba Business Services pour 14,873 millions de Fcfa, ainsi que dans celui portant sur la fourniture de bureau du même prestataire pour 7,8 millions de Fcfa. Dans ce dernier cas, les entreprises Aba Business Services et Mache Corporation sont soupçonnées de partager le même bénéficiaire économique, un fait qui remet sérieusement en cause la mise en concurrence effective exigée par le Code des marchés publics.
Au total, les auditeurs dressent un tableau inquiétant d’un système d’entente entre soumissionnaires, qualifié par certains experts de véritable « cartel de fournisseurs », faussant les règles de la commande publique et portant atteinte à la bonne gouvernance universitaire.
– Par Imam chroniqueur Babacar Diop













