
À l’heure où la profession infirmière au Sénégal peine encore à bénéficier d’une reconnaissance à la hauteur de son rôle crucial, la carrière exemplaire de la docteure Awa Seck illumine le secteur de la santé. Lauréate du prestigieux Prix Reconnaissance décerné par le Réseau international des infirmières francophones (Siddiief), cette infirmière dotée d’un doctorat en santé communautaire cumule plus de 30 années de dévouement et d’innovation dans la formation et l’encadrement des professionnels de santé.
Diplômée initialement en soins infirmiers, Awa Seck a poursuivi son parcours universitaire à l’Université Laval au Canada, où elle a obtenu une maîtrise, puis un doctorat en santé communautaire — une première au Sénégal pour une infirmière. Par ailleurs, elle détient aussi une licence en administration des services de santé et en pédagogie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
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Au-delà de son parcours académique impressionnant, la docteure Seck a marqué l’enseignement infirmier au Sénégal et à l’international. Elle a contribué à la formation de nombreuses promotions d’infirmières et a élaboré plusieurs programmes pédagogiques adaptés aux réalités sénégalaises, particulièrement destinés aux étudiantes issues de milieux modestes. En collaboration avec le Centre canadien de coopération internationale en santé et développement (Ccisd), elle a aussi renforcé les compétences de responsables de neuf pays d’Afrique de l’Ouest, notamment dans la communication pour le changement de comportement dans la lutte contre le sida.
Au fil de sa carrière, Awa Seck a occupé des postes clés, notamment comme professeure invitée à l’Université du Québec à Rimouski (Uqar), où elle enseignait les soins infirmiers communautaires et l’éducation à la santé. Elle a également dirigé un centre de protection maternelle et infantile, assurant un suivi rapproché des femmes enceintes et des enfants, dans des contextes urbains comme ruraux.
Consciente des défis actuels, la lauréate alerte sur la qualité de la formation infirmière qui se dégrade selon elle, avec la multiplication trop rapide des écoles sans contrôle rigoureux. « Le métier d’infirmier n’est pas subordonné à celui de médecin, mais allié », rappelle-t-elle, soulignant la nécessité d’un cadre réglementaire propre à cette profession. Elle appelle ainsi à la création d’un ordre national des infirmiers, qui, à l’instar d’autres pays africains, permettrait de réguler la profession, garantir la qualité des soins, et protéger la population.
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Pour Awa Seck, ce prix est avant tout une reconnaissance collective qui met en lumière le rôle fondamental des infirmiers et infirmières dans la santé publique. Avec modestie, elle affirme : « Ce trophée valorise non seulement mon parcours, mais aussi celui de toute une profession souvent méconnue. »
Par imam chroniqueur Babacar Diop