El-Fasher assiégée : l’ONU dénonce les rançons et la famine imposée aux civils du Darfour

Alors que le conflit au Soudan s’enlise, les Nations unies tirent la sonnette d’alarme sur la situation humanitaire catastrophique à El-Fasher, capitale du Darfour-Nord, où des milliers de civils sont pris au piège d’une guerre sans issue.
Selon Denise Brown, coordinatrice résidente et humanitaire de l’ONU dans le pays, la ville vit aujourd’hui une « crise humanitaire effroyable », marquée par des violations massives des droits humains.
Lors d’un point de presse relayé par l’agence Anadolu, Mme Brown a décrit un scénario dramatique : « Les civils qui tentent de fuir El-Fasher sont souvent retenus contre des rançons sur des routes contrôlées par des milices armées ». Ces enlèvements, selon l’ONU, se multiplient alors que les combats s’intensifient entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR).
Les rescapés témoignent de conditions inhumaines : déshydratation, malnutrition sévère et traumatismes psychologiques sont le quotidien des déplacés, adultes comme enfants.
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Une ville affamée et coupée du monde
Le siège d’El-Fasher, imposé depuis plus de 500 jours, empêche l’accès à toute aide humanitaire. Quarante-deux camions chargés de nourriture, de médicaments et d’abris demeurent bloqués depuis juillet. Pour Denise Brown, « le blocage de l’aide militaire et alimentaire équivaut à utiliser la famine comme une arme de guerre ».
Cette stratégie, dénoncée par plusieurs ONG, vise à briser la résistance des populations civiles déjà épuisées par dix-huit mois de violence continue.
Appel à un passage sécurisé
Face à cette tragédie, l’ONU renouvelle son appel pressant aux FSR et aux autres belligérants pour garantir un passage humanitaire sécurisé. « Nous avons besoin de ces garanties pour sauver des vies », a insisté la responsable onusienne.
El-Fasher, rappelle-t-elle, est un centre névralgique pour les opérations humanitaires dans tout le Darfour, une région déjà ravagée par deux décennies de guerre et de déplacements massifs.
Un bilan humain désastreux
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Depuis le début du conflit en avril 2023, plus de 128 travailleurs humanitaires ont été tués, un record dramatique.
Les estimations de l’ONU indiquent qu’entre 120 000 et 400 000 civils restent encore piégés dans la ville, tandis qu’environ 600 000 personnes ont fui vers Tawila et d’autres localités du nord du pays.
Le secrétaire général Antonio Guterres a, pour sa part, exhorté la communauté internationale à mettre fin aux ingérences extérieures qui attisent les violences. « Une solution pacifique doit absolument être trouvée. La réponse humanitaire seule ne suffira pas », a conclu Denise Brown.
Imam chroniqueur
Babacar Diop













