France : Nîmes secouée par de nouveaux tags islamophobes — le voile encore pris pour cible

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France : Nîmes secouée par de nouveaux tags islamophobes — le voile encore pris pour cible

Les murs d’une école maternelle de Nîmes, dans le sud de la France, ont été souillés pendant les vacances de la Toussaint par des inscriptions islamophobes à la bombe noire. Selon les informations du média local Objectif Gard, relayées par l’agence Anadolu, plusieurs messages hostiles à l’islam y ont été découverts, dont : « voile = FM = salafistes » et « hors d’Europe ».
L’abréviation « FM » renverrait, selon les enquêteurs, aux « Frères musulmans ». Pour l’heure, aucune communication officielle n’a été faite sur une éventuelle enquête ouverte pour identifier les auteurs de ces actes.

Un phénomène qui s’inscrit dans une tendance inquiétante

Ces graffitis interviennent dans un contexte de montée continue des actes islamophobes en France. Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) a recensé 1 037 faits anti-musulmans en 2024, soit une hausse de 25 % par rapport à 2023. De son côté, le ministère français de l’Intérieur reconnaissait déjà 242 actes en 2023, contre 121 l’année précédente.

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Pour François Burgat, politologue et spécialiste du monde arabe contemporain, cette recrudescence ne relève pas d’actes isolés mais d’un « climat idéologique délétère » nourri par certains discours politiques et médiatiques :

« Lorsqu’un débat public désigne en permanence le musulman comme une altérité menaçante, il crée les conditions d’un passage à l’acte », explique-t-il dans L’islamisme à l’heure d’Al-Qaïda (La Découverte, 2010, p. 215).
Selon lui, l’islamophobie « a pris une forme institutionnelle, traduisant une ségrégation sociale et culturelle durable ».

L’école, nouveau champ symbolique de l’exclusion

Le choix d’une école comme cible n’est pas anodin. Pour Haoues Seniguer, maître de conférences à Sciences Po Lyon et auteur de La République autoritaire. Islam de France et gestion du religieux (Presses universitaires de Lyon, 2021),

« s’attaquer à un lieu d’éducation, c’est s’en prendre à la transmission et à l’avenir même d’une société inclusive ».
Ces actes visent, selon lui, à stigmatiser le port du voile et à renforcer la peur de l’islam dans l’espace public.

Cette stratégie d’exclusion par le symbole a déjà été dénoncée par plusieurs associations laïques et religieuses. Le CCIE rappelle que le voile est souvent instrumentalisé dans le débat français comme un marqueur politique, alors qu’il relève avant tout d’un choix spirituel et personnel, garanti par la liberté de conscience.

Un défi pour la République et le vivre-ensemble

Face à cette dérive, le sociologue Raphaël Liogier, dans Le mythe de l’islamisation (Seuil, 2012, p. 33), souligne que « la peur du voile traduit moins une menace réelle qu’une crispation identitaire dans une société en quête de repères ».
Le chercheur appelle à une refondation du discours républicain autour de l’égalité et de la reconnaissance mutuelle.

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Pour sa part, l’Imam Babacar Diop, chroniqueur religieux sénégalais, rappelle que :

« La haine de l’autre commence toujours par la peur de son apparence. En Islam, le respect de la différence est un acte de foi. Dieu dit : “Nous vous avons créés en peuples et en tribus afin que vous vous connaissiez” (Coran, 49 : 13). »
Et de conclure : « La France, pays des Lumières, ne peut permettre que la peur obscurcisse encore ses murs d’école. »

Imam chroniqueur
Babacar Diop

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