Gaza : confusion autour des dépouilles d’otages, sur fond de trêve fragile et de frappes persistantes

Le processus de restitution des dépouilles d’otages enlevés lors de l’attaque du 7 octobre 2023 a subi un nouveau revers, alimentant les tensions entre Israël et le Hamas, malgré le cessez-le-feu instauré depuis le 10 octobre.
Vendredi soir, trois corps ont été remis par la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, via la Croix-Rouge. Mais selon un porte-parole de l’armée israélienne, les analyses médico-légales ont révélé qu’il ne s’agissait pas de dépouilles d’otages. « Nous avons proposé de remettre trois échantillons issus de restes non identifiés, mais l’ennemi a refusé d’accepter des fragments. Nous avons livré les corps pour éviter toute manipulation de sa part », a justifié le Hamas dans un communiqué.
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Cette confusion s’ajoute à une longue série d’incidents depuis la mise en place de la trêve, ponctuée de violations et de bombardements. Israël accuse régulièrement le Hamas de ne pas respecter ses engagements, tandis que les familles des otages dénoncent l’inaction de leur gouvernement et réclament des mesures plus fermes.
Un équilibre précaire entre cessez-le-feu et ripostes
Malgré la trêve, les armes n’ont jamais totalement cessé de tonner. L’armée israélienne a mené à deux reprises, depuis le 10 octobre, des frappes massives en représailles à des tirs palestiniens ayant tué trois soldats. Ces bombardements ont fait, selon des sources palestiniennes, 45 morts le 19 octobre et 104 le mardi suivant.
À ce jour, le Hamas a remis les dépouilles de 17 des 28 otages décédés qu’il avait acceptés dans le cadre d’un accord de trêve négocié sous médiation américaine. Parmi eux figurent 15 Israéliens, un Thaïlandais et un Népalais. En échange, Israël a rendu 225 corps de Palestiniens, à raison de 15 pour chaque otage restitué.
Une population gazaouie à bout de souffle
Sur le terrain, la situation humanitaire reste dramatique. Khan Younès et plusieurs zones du sud de la bande de Gaza continuent d’être la cible de frappes sporadiques. « Nous n’avons ni nourriture, ni eau, ni électricité. La trêve existe sur le papier, mais la guerre continue », confie Hisham al-Bardai, père de trois enfants.
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Pour Sumaya Daloul, 27 ans, la survie quotidienne est devenue un fardeau : « La mort est préférable à cette vie sans espoir. Nous n’avons plus rien. »
Vers une force internationale de stabilisation ?
Face à la persistance du chaos, la Jordanie et l’Allemagne ont proposé samedi qu’une force internationale de stabilisation (ISF), soutenant une future police palestinienne à Gaza, soit placée sous mandat de l’ONU. Cette force, issue du plan américain pour la paix, viserait à former les unités palestiniennes, sécuriser les frontières et empêcher la contrebande d’armes vers le Hamas.
La Turquie doit accueillir lundi une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays musulmans, destinée à soutenir ce plan.
Un lourd tribut humain
Selon les chiffres compilés par l’AFP, l’attaque du 7 octobre 2023 a coûté la vie à 1 221 personnes en Israël, principalement des civils. Les représailles israéliennes ont, quant à elles, provoqué la mort de 68 531 Palestiniens, dont une majorité de civils, d’après le ministère de la Santé du Hamas.
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Entre trêve illusoire et méfiance persistante, le processus de paix reste suspendu à un fil. Comme le résume un diplomate européen en poste à Amman : « Tant que la guerre continuera d’être un instrument politique, la paix restera un slogan. »
Imam chroniqueur
Babacar Diop













