
par imam chroniqueur Babacar Diop
La tension au Moyen-Orient vient de franchir un nouveau seuil critique. Les États-Unis ont confirmé dimanche avoir mené une série de frappes aériennes contre les trois principaux sites nucléaires iraniens – Fordo, Natanz et Ispahan – rejoignant ainsi l’offensive israélienne entamée le 13 juin dernier contre Téhéran. Le président américain Donald Trump a salué une « réussite militaire spectaculaire » et évoqué un possible « changement de régime » en Iran.
Des bombardiers furtifs pour une mission destructrice
Selon le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, sept bombardiers furtifs B-2 ont été mobilisés pour larguer quatorze bombes anti-bunker GBU-57 – des projectiles de 13,6 tonnes capables de percer jusqu’à 60 mètres sous terre avant de détoner. Les images satellites publiées par le Pentagone montreraient des destructions majeures sur les trois sites visés. « Les dégâts les plus importants ont été causés bien en dessous du niveau du sol. En plein dans le mille !!! », s’est félicité Donald Trump sur son réseau Truth Social.
Il s’agit de la toute première utilisation opérationnelle de la bombe GBU-57, considérée comme l’une des plus puissantes de l’arsenal américain.
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Washington entre diplomatie et pression militaire
Malgré l’ampleur de l’attaque, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a tendu la main à Téhéran, affirmant que les États-Unis restaient ouverts au dialogue : « L’offre est toujours là, nous sommes prêts à leur parler demain. » Il a néanmoins insisté sur la nécessité pour l’Iran de renoncer à son programme nucléaire militaire s’il souhaite développer un usage civil de l’énergie atomique.
Cette double approche, alliant pression militaire et ouverture diplomatique, divise les alliés traditionnels de Washington. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont exprimé leurs inquiétudes et appelé à la retenue, mettant en garde contre une « escalade incontrôlée ».
Riposte iranienne et escalade régionale
En réponse, l’Iran a tiré quarante missiles sur Israël, visant notamment l’aéroport Ben Gourion près de Tel-Aviv et un centre de recherche biologique. Les tirs ont causé d’importants dégâts dans plusieurs quartiers résidentiels, faisant 23 blessés selon les secours locaux.
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L’armée israélienne a aussitôt répliqué en frappant « des dizaines de cibles militaires » sur le sol iranien, notamment dans les régions de Yazd, Ispahan et au nord-ouest du pays. À Yazd, un drone israélien a même ciblé une ambulance, tuant trois personnes, selon les médias iraniens.
Vers un basculement stratégique ?
À Téhéran, le président Massoud Pezeshkian a promis une « riposte sévère », qualifiant les frappes américaines d’« agression illégale ». Le conseiller du Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a affirmé que les bases militaires américaines au Moyen-Orient sont désormais des « cibles légitimes », déclarant que « l’Amérique n’a plus sa place dans le monde islamique ».
Le ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi s’est rendu à Moscou pour s’entretenir avec Vladimir Poutine. La Russie, alliée stratégique de l’Iran, pourrait jouer un rôle central dans les médiations à venir.
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Netanyahu remercie Trump, l’ONU s’alarme
À Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a publiquement remercié Donald Trump, saluant « un tournant historique » susceptible de conduire à un « avenir de prospérité et de paix » pour Israël. Il a même adressé une prière au Mur des Lamentations en l’honneur du président américain.
À New York, l’ONU a convoqué une réunion d’urgence. Le secrétaire général Antonio Guterres a mis en garde contre le risque d’un engrenage incontrôlable de représailles. L’ambassadeur iranien a dénoncé une « guerre fondée sur des prétextes absurdes », accusant Washington de violer le droit international.
Alors que la diplomatie semble à l’arrêt, la communauté internationale redoute un conflit régional majeur, voire une guerre ouverte entre grandes puissances.