Istanbul : un « Tribunal de Gaza » dénonce un génocide et appelle à briser le silence international

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Istanbul : un « Tribunal de Gaza » dénonce un génocide et appelle à briser le silence international

Par Imam chroniqueur Babacar Diop

Réuni à Istanbul pour quatre jours d’audiences publiques, le Tribunal de Gaza — une initiative de la société civile internationale — a rendu, ce dimanche, un verdict symbolique mais lourd de sens : Israël se rend coupable d’un génocide contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza.

Dans une déclaration qualifiée de « jugement moral », la présidente du Jury de Conscience, Christine Chinkin, a affirmé que cette initiative citoyenne représente « une réponse de la société civile à l’absence continue de responsabilité pour le génocide commis par Israël ». Les membres du jury ont insisté : « Lorsque les États se taisent, la société civile peut et doit s’exprimer. »

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Un dossier de crimes systématiques

Le rapport final évoque un « schéma cohérent et systématique de violences exterminatrices ». Parmi les faits retenus figurent :

la destruction intentionnelle des habitations et des infrastructures vitales,

l’utilisation de la faim comme arme de guerre,

les déplacements forcés des populations,

la destruction ciblée des hôpitaux, écoles et sites culturels.

Le jury introduit aussi de nouveaux concepts juridiques pour décrire ces crimes : le domicide élargi (destruction de la mémoire et de la continuité culturelle), l’écocide, le scholasticide (anéantissement du savoir) et le reprocide (ciblage des soins reproductifs).

Les responsabilités pointées

Le Tribunal n’a pas seulement accusé Israël : il a également mis en cause la complicité de plusieurs États occidentaux, notamment les États-Unis, accusés de fournir à Tel-Aviv « couverture diplomatique, armement, renseignements et assistance militaire ».

Dans son verdict, le Jury de Conscience a rappelé que « le silence et l’inaction face au génocide ne sont pas une option et constituent d’autres formes de complicité ». Une phrase devenue leitmotiv de cette rencontre :

« Le silence n’est pas neutre. Le silence est complicité. »

Des audiences citoyennes à portée mondiale

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Les audiences, tenues à l’Université d’Istanbul, ont réuni juristes, chercheurs, témoins et activistes, dont plusieurs membres de la Flottille de la Liberté. Ces derniers ont livré des témoignages sur la situation humanitaire et les attaques subies.

Parmi les recommandations formulées figurent :

la suspension d’Israël des organisations internationales,

l’activation du mécanisme « Uniting for Peace » des Nations unies, afin de mandater une force internationale de protection des civils.

Ce tribunal populaire, bien qu’il ne dispose pas d’autorité judiciaire, ambitionne de constituer une archive de référence pour les futures poursuites internationales.

Une conscience mondiale en éveil

Cette initiative s’inscrit dans un contexte d’intensification des mouvements citoyens et universitaires exigeant la fin de la complicité internationale et l’arrêt des exportations d’armes vers Israël. Pour les organisateurs, ce verdict n’est pas un point final, mais le début d’une résistance morale mondiale contre l’impunité.

Comme le résume la juriste sud-africaine Navi Pillay, ancienne Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme : « L’histoire jugera sévèrement les nations qui auront choisi le confort du silence plutôt que le courage de la justice. »
(Discours de Pretoria, 2024, p. 57).

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Imam chroniqueur
Babacar Diop

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