Kinshasa, RDC – avril 2025
L’activiste franco-béninois Kémi Séba, figure emblématique du panafricanisme contemporain, a été officiellement élevé au rang de Docteur Honoris Causa en sciences politiques par l’Université Bel Campus de Kinshasa. Une distinction symbolique, mais hautement politique, qui vient saluer deux décennies d’engagement acharné pour l’émancipation des peuples africains face à l’impérialisme et au néocolonialisme.
Un hommage au combat pour l’autodétermination africaine
Depuis plusieurs années, Kémi Séba incarne une voix dissonante, souvent controversée mais difficile à ignorer, dans le débat sur la souveraineté africaine. À travers son organisation Urgences Panafricanistes, ses discours enflammés contre le franc CFA et ses prises de position contre la domination occidentale – notamment française – sur le continent, il a réussi à rallier une jeunesse désabusée, en quête de dignité et de rupture avec les élites jugées complices des intérêts étrangers.
L’Université Bel Campus a salué « une pensée libre, cohérente et radicale en faveur de l’indépendance réelle des peuples africains », précisant que ce titre honorifique récompense « une contribution exceptionnelle à la reconfiguration du paysage politique et intellectuel de l’Afrique contemporaine ».
Une distinction controversée et suspendue… avant d’être confirmée
Il faut rappeler que cette distinction n’a pas été sans heurts. Prévue initialement pour le 24 mars 2025, la cérémonie avait été suspendue par les autorités congolaises. Les raisons évoquées : des irrégularités administratives dans le processus de validation du doctorat honoris causa. Mais pour Kémi Séba, cette suspension temporaire n’était rien d’autre qu’un acte de censure motivé par des pressions diplomatiques.
Dans une déclaration publique, il avait pointé du doigt « l’ingérence des réseaux de la Françafrique », accusant directement la France d’avoir voulu entraver cette reconnaissance universitaire : « La Françafrique ne supporte pas que ses opposants soient célébrés sur le continent qu’elle prétend dominer. »
Finalement, face à une vague de soutien populaire et académique, la cérémonie a été reprogrammée et le titre bel et bien remis.
Une victoire symbolique, un message fort
Au-delà du geste universitaire, cette distinction envoie un signal fort : celui d’un panafricanisme de plus en plus reconnu, institutionnalisé même, dans certains cercles africains. Le titre de Docteur Honoris Causa, souvent réservé aux chefs d’État ou aux intellectuels de renom, consacre ici un acteur politique issu de la société civile, engagé dans une lutte sans relâche contre les structures héritées de la colonisation.
Dans un contexte où les relations entre la France et plusieurs pays africains se tendent, cette reconnaissance symbolique apparaît comme un désaveu supplémentaire à l’égard de la Françafrique, et comme une étape de plus dans la quête d’une Afrique maîtresse de son destin.
« Ce titre n’est pas une récompense personnelle, mais un hommage au combat collectif de toute une génération qui refuse l’humiliation et aspire à une Afrique souveraine », a déclaré Kémi Séba dans son discours de remerciement.
