La Révolution silencieuse de la jeunesse sénégalaise : de la passivité à la conscience citoyenne

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La Révolution silencieuse de la jeunesse sénégalaise : de la passivité à la conscience citoyenne

Longtemps perçue comme désœuvrée ou apathique, la jeunesse sénégalaise change de visage. Entre engagement civique, éveil écologique et responsabilité communautaire, elle s’impose désormais comme le moteur d’une transformation sociale profonde. De Dakar à Tivaouane, des jeunes agissent, s’informent, protestent et construisent. Une révolution silencieuse, mais bien réelle.

Une génération qui refuse l’immobilisme

La manifestation du mouvement « Nio Lank », organisée pour dénoncer la cherté de l’électricité, a montré une jeunesse lucide et déterminée. Ces jeunes ne se contentent plus de critiquer : ils agissent, mobilisent et proposent.
À Keur Mbaye Fall, ils ont défendu leur terrain de football contre une privatisation illégitime ; à Koul, ils ont créé un collectif pour s’opposer à l’exploitation des phosphates, dénonçant les risques sanitaires et environnementaux confirmés par l’étude d’impact.

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Pour le sociologue Alioune Sall, auteur de L’Afrique qui vient (L’Harmattan, 2018, p.54) :

« La jeunesse africaine n’est pas seulement la relève démographique, elle est le laboratoire des transformations futures. »

Un constat confirmé par Felwine Sarr, qui affirme dans Afrotopia (Philippe Rey, 2016, p.102) :

« Le destin du continent se construira sur la conscience active de sa jeunesse. »

L’action citoyenne, nouvelle voie de la foi

Dans plusieurs localités, les jeunes ne se battent pas seulement pour des intérêts matériels. Leur engagement est devenu éthique et spirituel.
Comme le rappelle Imam Babacar Diop :

« La jeunesse qui s’indigne pour la justice est déjà sur la voie de Dieu, car l’islam honore ceux qui se lèvent contre l’injustice, même quand elle est silencieuse. »

Un verset du Saint Coran appuie cette idée :

« En vérité, Allah ne change pas l’état d’un peuple tant que les hommes ne changent pas ce qui est en eux-mêmes » (Sourate Ar-Ra’d, 13:11).

Cet engagement moral s’enracine aussi dans la pensée de Cheikh Ahmadou Bamba, pour qui :

« L’action vertueuse n’a de valeur que lorsqu’elle est guidée par une intention pure et tournée vers le bien commun » (Massalik Al-Jinan, vol. II, p.48).

Les jeunes d’aujourd’hui s’inspirent de cette philosophie de service. Dans les quartiers, les GIE et associations se multiplient : gestion des ordures, reboisement, assistance aux élèves, soutien aux malades… Une jeunesse qui prie, mais qui agit.

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Les territoires à l’heure de la participation citoyenne

À travers le pays, de Thiès à Ziguinchor, la jeunesse s’impose comme une vigie sociale.
Dans un rapport sur Jeunesse, citoyenneté et territoires (Dakar, 2020, p.77), le sociologue Abdou Salam Fall note :

« La jeunesse urbaine s’affirme comme une force d’interpellation morale et politique. Elle ne se contente plus d’attendre des solutions venues d’en haut. Elle agit. »

Cette évolution rejoint la sagesse d’Ibn Khaldûn :

« Toute société se régénère par le souffle de sa jeunesse » (Al-Muqaddima, trad. De Slane, p.212).

Le phénomène ne se limite plus aux capitales régionales. Dans les campagnes, les jeunes revendiquent un accès à l’eau potable, à la santé, à l’éducation et à la terre. Ils demandent des politiques publiques justes et inclusives, mais participent aussi à leur mise en œuvre.

Quand la foi rencontre la citoyenneté

Pour Imam Babacar Diop, cette nouvelle génération est « l’avant-garde d’un Sénégal plus équitable et plus spirituel ». Il explique :

« L’engagement des jeunes n’est pas une rébellion, c’est une mission. Ils ne veulent pas détruire, mais reconstruire avec lucidité, foi et courage. »

Ce mouvement d’ensemble s’inscrit dans la continuité de l’héritage moral transmis par les figures religieuses et intellectuelles du pays. À l’image d’Amadou Hampâté Bâ, qui écrivait :

« La jeunesse est la main qui prolonge la sagesse des anciens et l’œil qui éclaire les chemins de demain » (L’Étrange destin de Wangrin, 1953, p.184).

Conclusion : écouter avant de promettre

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La jeunesse sénégalaise n’est plus un réservoir de promesses électorales. Elle est désormais une force agissante qui bâtit dans le silence. Elle veut être écoutée, non flattée.

Comme le résume l’Imam Babacar Diop :

« Le pays qui méprise sa jeunesse prépare son déclin, mais celui qui la forme, l’écoute et la guide, prépare son salut. »

Imam chroniqueur
Babacar Diop

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