La monnaie nigériane, le naira (NGN), a de nouveau fléchi face au dollar américain, s’échangeant à 1 602,18 NGN pour 1 USD sur le marché officiel, selon les données publiées par la Banque centrale du Nigéria (CBN). Cette baisse de 0,34 % survient après une brève accalmie observée à la veille de la fête du Travail, alimentant les inquiétudes sur la capacité du pays à stabiliser sa devise.
Malgré une stabilité apparente en début de semaine, les tensions sur le marché des changes restent palpables. L’écart croissant entre l’offre et la demande de devises étrangères, notamment du dollar, continue d’exercer une pression baissière sur le naira. La situation est exacerbée par des réserves de change sous tension, des entrées de devises insuffisantes et une faible confiance des investisseurs.
La baisse de jeudi s’inscrit dans une tendance plus large de dépréciation entamée depuis le début de l’année. Le gouvernement fédéral et la CBN peinent à endiguer cette spirale, malgré des réformes annoncées dans la politique monétaire et des tentatives de libéralisation du marché des devises.
Au-delà des fluctuations quotidiennes, le recul du naira révèle des failles plus profondes dans l’économie nigériane. La dépendance aux importations, la baisse des revenus pétroliers principale source de devises étrangères et l’inflation galopante (actuellement estimée à plus de 30 %) compliquent davantage la gestion monétaire.
Par ailleurs, les contrôles encore partiels sur le marché des devises maintiennent un système à deux vitesses entre le marché officiel et le marché parallèle, alimentant les distorsions et les arbitrages illégaux.
Face à cette situation, les analystes appellent à une refonte plus ambitieuse du système monétaire. Une meilleure transparence des opérations de change, un soutien accru à la production locale et un assainissement des finances publiques sont jugés essentiels pour rétablir la confiance dans le naira.
Le président Bola Tinubu et la nouvelle équipe économique devront faire preuve de fermeté et d’innovation pour convaincre les marchés. À défaut, la dépréciation continue du naira pourrait compromettre les perspectives de croissance, creuser les inégalités sociales et fragiliser davantage une population déjà confrontée à une inflation douloureuse.
