Selon Mbarkoutou Mahamat, le départ du Niger de la Force multinationale mixte (FMM) fragilisera la lutte contre les groupes jihadistes dans le pourtour du bassin du lac Tchad. Cet universitaire, spécialiste du Sahel, est convaincu que la fracture de la coalition entre les États engagés au sein de la FMM profitera à la secte terroriste Boko Haram.
Une analyse qui rejoint celles d’autres experts de la question, pour qui la menace terroriste dans cette zone sahélienne exploite les frictions entre les États riverains du lac Tchad (Cameroun, Nigeria, Tchad et Niger).
La situation pourrait se compliquer dans les prochains jours si le Tchad met à exécution sa menace de se retirer à son tour de la FMM. Fin 2024, Ndjamena avait critiqué l’absence de coordination après une attaque de Boko Haram qui avait coûté la vie à une quarantaine de soldats tchadiens.
Pour ne rien arranger, la FMM est menacée de désintégration à un moment où la secte islamique reprend du poil de la bête après quelques années de somnolence. Le Cameroun l’a officiellement reconnu après l’attaque de la base de la FMM à Wulgo, en territoire nigérian.
Une douzaine de militaires camerounais ont perdu la vie lors de cette offensive, menée selon un mode opératoire en rupture avec les anciennes pratiques terroristes dans le pourtour du Bassin du Lac Tchad.
Comme l’indique Mbarkoutou Mahamat, les terroristes de Boko Haram privilégient désormais les attaques en petits groupes motorisés, le banditisme et l’utilisation de drones kamikazes.
« La FMM n’a pas été conçue pour faire face à des menaces de type banditisme », fait savoir cet universitaire, qui rappelle qu’à l’origine, la force était destinée à combattre une menace djihadiste.
Tout porte à croire que le départ du Niger, et le possible retrait du Tchad, ne sont pas les seules menaces qui pèsent sur la coalition militaire dans le pourtour du Lac Tchad.
Si la FMM ne s’adapte pas rapidement pour contrer le nouveau mode opératoire de Boko Haram, elle risque d’être rapidement dépassée par les événements. Une aubaine pour les terroristes…
Pour rappel, la FMM a été créée en 1994 afin de mutualiser les forces militaires des pays riverains du Lac Tchad. Cette force a été réactivée en 2015 pour lutter contre les groupes djihadistes, notamment Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).