Mali : Nioro du Sahel étouffe sous le blocus jihadiste, la population lance un appel au secours

Par Imam chroniqueur Babacar Diop

La situation devient insoutenable à Nioro du Sahel, dans le sud-ouest du Mali. Depuis plusieurs semaines, la ville vit sous un blocus imposé par les groupes jihadistes affiliés au JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), liés à Al-Qaïda. Ces groupes armés ont bloqué l’accès au carburant et aux produits de première nécessité, accusant les habitants de soutenir les forces armées maliennes.

Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, les habitants de Nioro expriment leur détresse. Ils décrivent une population privée de vivres, de soins et d’électricité, tandis que le transport des marchandises est quasiment paralysé. « Nous n’avons plus rien pour survivre. Le carburant est introuvable, les prix flambent, et les malades meurent faute d’évacuation », confie un habitant, la voix brisée par l’émotion.

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Ce blocus économique et humanitaire s’étend également à la ville de Kayes, autre pôle stratégique du sud-ouest malien. Selon plusieurs sources locales, les jihadistes auraient dressé des barrages sur les routes menant aux grandes villes, coupant toute possibilité d’approvisionnement.

Le gouvernement de transition malien tente de rassurer, promettant des opérations militaires pour briser l’encerclement, mais sur le terrain, les populations affirment ne plus croire aux promesses officielles. « Nous n’avons vu ni l’armée ni les secours. Nous sommes abandonnés », déplore un chef de quartier.

Pour les observateurs, cette situation illustre la fragilité persistante du Mali face à la menace terroriste, malgré le départ des forces étrangères et la montée en puissance annoncée de l’armée nationale. L’islamologue sénégalais Dr. Abdoulaye Sow rappelle que « les groupes extrémistes utilisent la famine et la peur comme armes psychologiques pour briser la résistance des populations » (in L’Afrique et ses Défis sécuritaires, Éditions Karthala, 2021, p. 243).

Sur le plan humanitaire, les associations locales appellent la communauté internationale à intervenir d’urgence. Selon le rapport 2024 du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 2,6 millions de Maliens sont déjà en situation d’insécurité alimentaire grave, un chiffre qui ne cesse de croître dans les zones sous blocus.

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Au-delà du drame matériel, cette crise révèle une détresse morale. Le philosophe malien Souleymane Bachir Diagne écrivait que « lorsque la peur devient quotidienne, la dignité devient la première victime » (La philosophie africaine aujourd’hui, Albin Michel, 2018, p. 67).

À Nioro du Sahel, les habitants espèrent encore que leur cri de cœur traversera les frontières et que la solidarité africaine saura répondre avant qu’il ne soit trop tard.

Imam chroniqueur
Babacar Diop