Navétanes au Sénégal : quand le sport, censé unir, devient source de division

Par Imam chroniqueur Babacar Diop
Les navétanes, initialement pensées comme des activités de vacances destinées aux jeunes, sont aujourd’hui au cœur d’un débat national. Conçues pour promouvoir le sport et la culture pendant les grandes vacances, ces compétitions populaires ont dévié de leur mission première.
« Les navétanes devaient être un vecteur de cohésion sociale et de développement culturel, mais elles ont perdu cet objectif au fil des années », observe le sociologue sportif Dr. Moustapha Ndiaye dans son ouvrage Sport et société au Sénégal (Éditions Karthala, 2022, p. 78).
Un sport qui divise plus qu’il ne rassemble
À l’origine, le championnat national populaire visait uniquement le loisir et l’épanouissement des jeunes. Aujourd’hui, il rivalise en popularité avec les compétitions officielles, suscitant des passions et parfois des tensions dans les quartiers.
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« Le sport doit être un moyen d’unir les peuples et non de créer des rivalités qui mènent à la violence », souligne Pape Babacar Paye, ancien éducateur sportif.
Pour le chroniqueur et imam Babacar Diop, la situation est alarmante : « Les navétanes ne profitent ni aux ASC ni aux jeunes. Ce sport populaire est devenu l’apanage d’une mafia d’organisateurs, et la jeunesse en paie le prix. »
Une gestion opaque et controversée
La critique se concentre sur l’ONCAV, l’organisme censé superviser les navétanes. Selon de nombreux observateurs, l’organisation manque de professionnalisme et entretient des pratiques opaques. « Les jeunes paient des billets à mille francs, alors que la vente génère des millions. Les trophées et récompenses restent symboliques, voire inexistants pour les ASC », déplore Imam chroniqueur Babacar Diop.
Dr. Aïssatou Fall, experte en gestion des associations sportives (Revue Sénégalaise de Management Sportif, 2021, p. 45), abonde dans ce sens : « Une gouvernance défaillante transforme une initiative communautaire en source de conflits. L’ONCAV devrait être réformé ou remplacé par une structure transparente et responsable. »
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Rivalité, violence et identité sociale
Le championnat, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, favorise les divisions plutôt que l’unité. Certains jeunes s’identifient à leur quartier à travers la compétition, utilisant parfois la violence pour s’affirmer. Cette tendance est renforcée par l’inactivité et le chômage : près de 24 % des jeunes au Sénégal sont sans emploi, un facteur aggravant selon l’économiste social Dr. Babacar Sène (Jeunesse et développement au Sénégal, 2020, p. 112).
Imam chroniqueur Babacar Diop insiste : « Les navétanes devraient être repensées autour de valeurs citoyennes et culturelles. On pourrait imaginer des compétitions de civisme, d’environnement et de solidarité, où la rivalité devient positive et constructive. »
Vers une réforme nécessaire
Pour restaurer la fonction sociale des navétanes, il est urgent que l’État et les acteurs locaux reprennent la main. La création d’un comité indépendant regroupant toutes les ASC permettrait une organisation équitable et transparente, tout en mettant fin aux abus de la structure actuelle.
« Sans une réforme profonde, le championnat populaire continuera à fragiliser les liens sociaux, alors qu’il devrait être un outil d’éducation et de cohésion », conclut Dr. Ndiaye.
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Comme le rappelle Imam chroniqueur Babacar Diop : « Un sport bien organisé peut transformer nos quartiers. À nous de décider si nous voulons un outil de division ou un levier d’unité et d’épanouissement pour notre jeunesse. »
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