
Le 16 avril 2025 à Tunis, le Professeur Abdou Niang a été élu président de l’Association Africaine de Néphrologie (AFRAN), succédant au Professeur égyptien Mohamed H. Hafez. Cette élection marque une étape majeure dans la promotion de la santé rénale sur le continent et consacre un parcours scientifique et humaniste exemplaire.
Un pionnier sénégalais au rayonnement continental
Professeur titulaire à la Faculté de Médecine de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et chef du service de néphrologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec, le Pr. Niang s’est distingué ces dernières années comme l’un des défenseurs les plus actifs de l’accès équitable aux soins néphrologiques en Afrique.
Il est notamment à l’origine du projet “Dialyse pour Tous”, lancé en 2023, qui a permis d’installer des unités de dialyse dans six régions du Sénégal, réduisant les évacuations sanitaires vers Dakar de plus de 40 %. Ce modèle a récemment été adopté par le Mali, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, à travers un partenariat avec l’Union Africaine de la Santé.
Une vision pour une néphrologie africaine inclusive
Dans son discours inaugural, le Pr. Niang a exposé les grands axes de son mandat :
Renforcer la prévention : mise en œuvre d’un programme de dépistage gratuit des maladies rénales dans dix pays d’Afrique subsaharienne dès fin 2025, en partenariat avec l’OMS et la Banque africaine de développement.
Former la relève : création de l’Académie africaine de néphrologie (AAN), un espace virtuel de formation continue, de mentorat et de partage scientifique destiné aux jeunes médecins.
Stimuler la recherche appliquée : soutien à la recherche sur les plantes médicinales à potentiel néphroprotecteur, en lien avec les universités de Lomé, Yaoundé et Addis-Abeba.
Plaidoyer pour l’équité : lobbying auprès des États et institutions pour l’inscription des soins rénaux dans les politiques de couverture sanitaire universelle.
Des défis immenses, mais une dynamique en marche
L’Afrique compte actuellement près de 25 millions de personnes atteintes de maladies rénales, dont seulement 10 % bénéficient d’un suivi médical régulier. Le coût de la dialyse reste prohibitif dans plusieurs pays, avoisinant 300 000 FCFA par mois, sans prise en charge dans les systèmes publics.
Le Pr. Niang prévoit aussi d’initier une campagne continentale intitulée « Mon rein, ma vie », combinant sensibilisation communautaire, nutrition adaptée, et engagement des leaders religieux pour briser les tabous liés à l’insuffisance rénale.
Soutiens internationaux et reconnaissance mondiale
Le nouveau président de l’AFRAN est également membre du Conseil exécutif de l’International Society of Nephrology (ISN), et a été récemment distingué par le prix “Global Kidney Hero” lors du dernier Congrès mondial de néphrologie à Sydney (février 2025).
Des organisations comme Médecins Sans Frontières, la Fondation Bill & Melinda Gates, et la Société Française de Néphrologie ont déjà exprimé leur volonté de collaborer avec l’AFRAN sous sa présidence.
Vers une Afrique rénale résiliente et solidaire
En succédant au Pr. Hafez, qui a renforcé la digitalisation et l’archivage des données cliniques pendant son mandat, le Pr. Niang hérite d’une organisation en mutation. Il entend l’inscrire durablement dans les grands enjeux de santé publique du continent : urbanisation galopante, alimentation transformée, explosion des maladies métaboliques.
« L’Afrique a des talents, des solutions endogènes et une jeunesse prête à relever le défi. À nous de construire une néphrologie qui nous ressemble, mais surtout qui sauve des vies », a-t-il déclaré.
Imam chroniqueur Babacar Diop