Paul Biya réélu : un huitième mandat qui relance le débat sur la longévité du pouvoir en Afrique

Le Conseil constitutionnel du Cameroun a officiellement proclamé, ce lundi 27 octobre 2025, la victoire de Paul Biya à l’élection présidentielle. À 93 ans, le chef de l’État camerounais, au pouvoir depuis 1982, rempile pour un huitième mandat consécutif après avoir obtenu 53,66 % des suffrages exprimés, selon les résultats publiés par l’institution et relayés par Emedia.
Son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, a recueilli 35,19 % des voix, tandis que le reste des suffrages s’est réparti entre d’autres candidats de moindre envergure. La validation des résultats par le Conseil constitutionnel marque la fin d’un processus électoral suivi de près par la communauté internationale et les observateurs nationaux.
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Cette nouvelle victoire de Paul Biya, l’un des plus anciens dirigeants en exercice au monde, ravive les débats sur la durée du pouvoir et la vitalité démocratique en Afrique. Plusieurs analystes estiment que cette longévité politique soulève des interrogations sur le renouvellement des élites et la participation citoyenne dans les régimes présidentiels africains.
« Les transitions pacifiques et régulières du pouvoir restent un défi majeur pour de nombreux États africains. Lorsqu’un chef d’État se maintient trop longtemps, cela tend à affaiblir la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques », souligne Dr. Achille Mbembe, politologue camerounais, dans Politiques de l’inimitié (La Découverte, 2016, p. 204).
Le cas du Cameroun s’inscrit dans une tendance régionale plus large : à Djibouti, le parlement a récemment levé la limite d’âge pour la candidature présidentielle, tandis qu’au Bénin, la Commission électorale nationale autonome a exclu le duo du parti d’opposition Les Démocrates avant le scrutin présidentiel, limitant ainsi la compétition politique.
Pour certains observateurs, ces décisions traduisent une érosion des contre-pouvoirs dans plusieurs États du continent. Selon Richard Banégas, professeur à Sciences Po Paris, « la personnalisation du pouvoir empêche souvent la construction d’institutions solides capables de survivre à leurs fondateurs » (La démocratie à pas de caméléon, Karthala, 2003, p. 89).
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Alors que le Cameroun entre dans une nouvelle phase de son histoire politique, la question demeure : jusqu’où un homme peut-il incarner à lui seul la stabilité d’un pays ?
Une interrogation que l’avenir, plus que jamais, devra trancher.
Imam chroniqueur
Babacar Diop













