Plus de 800 personnalités alertent sur la superintelligence : l’Afrique appelée à repenser sa souveraineté numérique

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Plus de 800 personnalités alertent sur la superintelligence : l’Afrique appelée à repenser sa souveraineté numérique

Le 22 octobre 2025, le Future of Life Institute (FLI) a tiré la sonnette d’alarme mondiale. Dans une lettre ouverte signée par plus de 800 personnalités chercheurs, entrepreneurs, artistes et responsables politiques l’organisation appelle à une interdiction temporaire du développement d’une intelligence artificielle superintelligente, jusqu’à ce qu’un cadre scientifique et sociétal clair soit établi. Parmi les signataires figurent Geoffrey Hinton, Yoshua Bengio, Steve Wozniak, mais aussi Meghan Markle et le prince Harry, preuve que le débat dépasse les cercles techniques pour toucher la société tout entière.

Les auteurs de l’appel redoutent des conséquences qui vont bien au-delà du progrès technologique. Selon eux, une IA superintelligente pourrait bouleverser l’équilibre des sociétés humaines, provoquer une obsolescence massive des compétences, accentuer les déséquilibres économiques et menacer directement les libertés fondamentales. Certains chercheurs évoquent même un risque existentiel pour l’humanité. L’enjeu n’est donc plus seulement celui du progrès : il touche à la survie politique et morale des nations.

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Cette alerte intervient alors que la course mondiale à l’IA s’intensifie. Les États-Unis d’Amérique, la Chine et l’Union européenne multiplient les investissements dans des systèmes d’apprentissage de plus en plus puissants. Derrière cette rivalité, un bras de fer technologique et stratégique se joue entre les grandes puissances. Les entreprises OpenAI, Google ou Meta avancent à une vitesse qui défie toute régulation, pendant que les gouvernements peinent à définir des garde-fous efficaces. La question devient éminemment politique : qui contrôle la technologie, au profit de qui et avec quelles limites ?

Pendant ce temps, l’Afrique reste largement absente de ce débat mondial. Pourtant, elle est directement concernée. La quasi-totalité des outils d’intelligence artificielle utilisés sur le continent proviennent de plateformes étrangères, hébergées hors du territoire africain et donc hors de tout contrôle souverain. Nos données, nos comportements, nos usages numériques alimentent des systèmes conçus ailleurs, avec des objectifs qui ne nous appartiennent pas toujours. Cette dépendance technologique nourrit une nouvelle forme de vulnérabilité : économique, stratégique et cognitive.

Quelques pays ont pourtant entrepris d’agir. Le Rwanda a créé un centre d’excellence en intelligence artificielle à Kigali. Le Maroc et le Sénégal développent des programmes nationaux de recherche. Le Nigeria réfléchit à une stratégie d’IA inclusive. Mais ces initiatives restent dispersées, sans coordination panafricaine. Or, sans une voix commune, le continent risque de subir les décisions des autres sans participer à la définition des règles du jeu. La souveraineté numérique africaine ne peut se construire dans le silence ou l’attentisme.

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L’appel du Future of Life Institute relance un débat universel : peut-on concevoir des machines capables d’apprendre et de raisonner au-delà de l’humain sans perdre la maîtrise de leur usage ? Les signataires réclament la mise en place d’un cadre éthique international fondé sur la transparence, la responsabilité et la sécurité. Mais aucune institution mondiale ne possède aujourd’hui l’autorité nécessaire pour imposer de telles règles. Pour l’Afrique, cette situation pose une double urgence : éviter de reproduire les dépendances technologiques héritées de l’histoire, et bâtir une gouvernance numérique qui serve d’abord les intérêts du continent.

Freiner la course à la superintelligence ne signifie pas rejeter le progrès. Cela signifie le penser autrement. Dans un monde où la technologie façonne la politique, la culture et même la mémoire collective, la préservation de la dignité humaine devient le véritable enjeu. Les 800 signataires du FLI rappellent que l’innovation n’a de sens que si elle reste au service de l’humain, et non l’inverse. L’Afrique doit saisir cette alerte mondiale comme une invitation à anticiper, à définir ses propres normes et à placer l’éthique au cœur du développement numérique.

La superintelligence n’est peut-être pas encore là, mais les décisions prises aujourd’hui détermineront la place de l’humain et du continent africain dans le monde de demain. La question n’est plus de savoir si elle adviendra, mais sous quelle gouvernance et pour quelle humanité.

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Celine Dou

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