Face à une détérioration dramatique de la situation humanitaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a lancé ce mardi 6 mai un appel urgent au financement, estimé à 781 millions de dollars américains. Ce montant vise à soutenir plus d’un million de personnes contraintes à fuir leur foyer en raison de la recrudescence des violences entre groupes armés et forces gouvernementales.
Depuis le début de l’année 2025, les provinces orientales du Nord-Kivu, de l’Ituri et du Sud-Kivu sont le théâtre d’intenses affrontements. Ces combats ont provoqué une vague de déplacements massifs, aggravant une crise humanitaire déjà chronique dans cette région instable depuis plusieurs décennies. Le HCR alerte sur la saturation des camps de déplacés, l’épuisement des ressources locales et le manque cruel d’accès à l’eau potable, aux soins médicaux et à l’éducation pour les enfants réfugiés.
« Nous faisons face à l’une des crises de déplacement les plus complexes et prolongées d’Afrique. Sans une mobilisation urgente de la communauté internationale, les conséquences humanitaires seront catastrophiques », a déclaré Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.
Selon les chiffres de l’agence onusienne, ce financement est destiné à assurer une assistance vitale : abris d’urgence, vivres, soins de santé, services psychosociaux et protection juridique pour les personnes déplacées internes, ainsi que pour les réfugiés ayant traversé les frontières vers les pays voisins comme l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.
La RDC compte aujourd’hui plus de 6,9 millions de déplacés internes l’un des chiffres les plus élevés au monde. Une grande majorité d’entre eux sont des femmes et des enfants, souvent exposés à des violences sexuelles, à l’exploitation et à d’autres formes d’abus.
Les efforts de stabilisation du gouvernement congolais peinent à contenir la résurgence de groupes armés qui sévissent dans l’Est du pays, malgré les opérations militaires en cours. La communauté humanitaire déplore par ailleurs l’accès limité à certaines zones de conflit, en raison de l’insécurité persistante et du manque de financements.
Le HCR appelle donc les donateurs internationaux, les États membres et les partenaires privés à une solidarité accrue pour répondre à cette urgence oubliée, dans un contexte mondial marqué par de nombreuses crises simultanées.
La complexité de la situation en RDC dépasse le cadre strictement humanitaire. Elle s’enracine dans des décennies de conflits, une gouvernance fragile, des rivalités ethniques et une compétition féroce pour le contrôle des ressources naturelles. Les groupes armés profitent souvent de l’absence de l’État pour imposer leur loi, perpétuant un cycle de violence et de déplacement.
Alors que les yeux du monde sont tournés vers d’autres crises, les populations congolaises de l’Est appellent à ne pas être oubliées. L’appel du HCR sonne ainsi comme un cri d’alarme, mais aussi comme un appel à la responsabilité collective.
