
Le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites constituent des obstacles majeurs au développement économique de l’Afrique, privant le continent de ressources essentielles pour son progrès. Face à cette réalité, la Banque Africaine de Développement (BAD) intensifie ses efforts pour combattre ces pratiques et promouvoir la transparence financière.
Un cadre juridique et institutionnel renforcé
La BAD s’appuie sur des normes internationales rigoureuses, notamment celles du Groupe d’Action Financière (GAFI) et de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Elle collabore étroitement avec les autorités nationales, les institutions régionales et les partenaires internationaux pour harmoniser les réglementations et assurer leur application effective.
En 2021, la BAD a adopté une Politique de Lutte contre le Blanchiment d’Argent et le Financement du Terrorisme (LBA/FT), visant à prévenir l’utilisation abusive des ressources financières qu’elle mobilise, renforcer les mécanismes de surveillance des transactions et sanctionner les entités ou individus impliqués dans des activités illicites.
Des mécanismes de détection et de prévention innovants
Pour renforcer la transparence, la BAD a mis en place des outils numériques avancés permettant de surveiller les flux financiers en temps réel, facilitant ainsi l’identification rapide des transactions suspectes. De plus, la banque exige de ses partenaires le respect des procédures de connaissance du client (KYC) et de due diligence avant tout financement, empêchant ainsi l’infiltration de capitaux d’origine douteuse dans ses projets.
Renforcement des capacités et coopération internationale
La BAD investit également dans la formation des acteurs économiques et des autorités de contrôle à travers des programmes de renforcement des capacités pour les institutions financières africaines, des ateliers de sensibilisation aux bonnes pratiques en matière de transparence, et la promotion de l’échange d’informations entre les pays membres pour tracer et recouvrer les avoirs illicites.
En collaboration avec l’Union Africaine et d’autres organisations, la BAD soutient l’initiative “Stop the Bleeding”, visant à endiguer les pertes dues aux flux financiers illicites, estimées à plus de 88 milliards de dollars par an en Afrique. Selon le rapport 2020 de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), ces pertes représentent une part significative des ressources financières du continent.
Impact et perspectives
Grâce à ces efforts, la BAD a déjà contribué à la détection de multiples cas de blanchiment d’argent liés aux marchés publics, à la récupération de fonds détournés dans plusieurs pays africains, et à la promotion d’une gouvernance financière plus transparente et responsable.
À l’avenir, la BAD prévoit d’intensifier ses actions en renforçant la coopération avec les organismes de lutte contre la corruption, en déployant des technologies avancées de suivi des flux financiers, et en appuyant les réformes législatives en matière de criminalité financière.
Conclusion
La lutte contre le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites est essentielle pour assurer un développement durable en Afrique. À travers des politiques rigoureuses et des partenariats stratégiques, la BAD joue un rôle clé dans la promotion de la transparence, contribuant ainsi à la stabilité économique du continent.
Imam chroniqueur Babacar DIOP