Une attaque sanglante contre un convoi humanitaire des Nations Unies a endeuillé l’État du Darfour-Nord, au Soudan, causant la mort de cinq employés des agences onusiennes et plusieurs blessés. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exprimé une condamnation ferme, dénonçant « un acte de violence odieux » survenu dans un contexte de conflit armé prolongé dans la région.
Le convoi visé était le tout premier à tenter de rejoindre El-Fashir depuis plus d’un an. Composé de personnel du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’UNICEF, il acheminait une aide vitale à destination de familles affectées par la famine. L’attaque, encore non revendiquée, a eu lieu alors que les véhicules approchaient de la ville, épicentre des tensions armées opposant l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR).
« C’est dévastateur que les vivres n’aient pas pu parvenir aux familles vulnérables des zones frappées par la famine au Soudan », a réagi Guterres sur le réseau social X. Il a appelé la communauté internationale et les autorités locales à prendre des mesures urgentes pour garantir la sécurité du personnel humanitaire. « Les attaques contre le personnel humanitaire, leurs installations et leurs véhicules doivent cesser. Immédiatement », a-t-il martelé.
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El-Fashir, ville stratégique et zone à haut risque
Depuis mai 2024, El-Fashir est le théâtre de violents affrontements entre les deux principales forces militaires du pays. La ville, qui joue un rôle logistique central pour la distribution de l’aide humanitaire à travers les cinq États du Darfour, est devenue l’un des foyers les plus instables du conflit. Les efforts diplomatiques visant à instaurer un cessez-le-feu durable n’ont, à ce jour, pas permis d’enrayer la spirale de violences.
À la suite de l’attaque, les belligérants – l’armée soudanaise d’un côté, et les FSR de l’autre – se sont mutuellement accusés d’en être responsables, illustrant l’extrême complexité et l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays. Depuis le déclenchement du conflit en avril 2023, le Soudan traverse l’une des pires crises humanitaires de son histoire récente.
Une crise humanitaire de grande ampleur
Selon les dernières estimations des Nations Unies, plus de 20 000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit, tandis que 15 millions de Soudanais ont été déplacés à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Des chercheurs indépendants, notamment aux États-Unis, estiment toutefois que le bilan réel pourrait être bien plus lourd, s’approchant des 130 000 morts, compte tenu du manque d’accès à certaines régions isolées et de l’effondrement des systèmes de collecte de données.
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Les attaques visant les travailleurs humanitaires se sont multipliées ces derniers mois, rendant extrêmement difficile l’acheminement de l’aide, alors que la famine et les épidémies menacent des millions de civils pris au piège dans des zones de conflit.
Un appel à l’action internationale
Face à cette tragédie, António Guterres a renouvelé son appel à une mobilisation accrue de la communauté internationale pour protéger le personnel humanitaire et intensifier les efforts de médiation. « La sécurité des humanitaires est une condition indispensable à toute réponse efficace à la crise », a-t-il souligné.
Tant que les combats se poursuivent et que les garanties de sécurité ne sont pas assurées, l’accès humanitaire reste gravement compromis, condamnant des milliers de personnes à survivre dans des conditions dramatiques. La situation à El-Fashir et dans l’ensemble du Darfour illustre avec acuité la détresse d’un pays qui sombre, jour après jour, dans le chaos humanitaire.
Imam chroniqueur Babacar Diop
