Tension dans le monde agricole français : à Toulouse, des éleveurs dénoncent la politique d’abattage des troupeaux

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Tension dans le monde agricole français : à Toulouse, des éleveurs dénoncent la politique d’abattage des troupeaux

Une cinquantaine d’agriculteurs membres de la Coordination rurale ont investi, ce jeudi 23 octobre 2025, la Cité administrative de Toulouse (sud-ouest de la France). Leur action, rapportée par l’agence Anadolu, visait à contester la politique gouvernementale d’abattage systématique des troupeaux atteints ou suspectés de dermatose nodulaire contagieuse, une maladie virale touchant les bovins.

Pendant près de deux heures, les manifestants ont occupé les locaux de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Des discussions ont eu lieu avec les responsables de cette structure, ainsi qu’avec ceux de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF). L’évacuation s’est finalement déroulée dans le calme, en fin d’après-midi, après l’intervention des forces de l’ordre.

Un désaccord persistant sur la stratégie sanitaire

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Le préfet de la région Occitanie, Pierre-André Durand, a condamné cette forme de mobilisation, rappelant que des échanges officiels avaient déjà eu lieu la semaine précédente avec les représentants du syndicat.
Mais pour la Coordination rurale, la politique d’abattage préventif décidée par le gouvernement reste inacceptable.
« Nous refusons de sacrifier nos troupeaux sans preuve scientifique solide de contamination », a déclaré Pierre-Guillaume Mercadal, porte-parole du syndicat dans le Tarn-et-Garonne, cité par BFMTV.

Un malaise profond dans le monde paysan

La présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc’h, accompagnée du secrétaire général Christian Convers, devait être reçue le même jour à Paris par la ministre en charge de l’Agriculture. Cette nouvelle mobilisation fait écho à d’autres actions menées ces derniers mois en Savoie et en Haute-Savoie, où la maladie avait été détectée dès juin 2025.

Pour le gouvernement, la priorité reste la maîtrise sanitaire. Face à la propagation de la dermatose nodulaire dans plusieurs régions, dont le Jura et les Pyrénées-Orientales, les autorités ont décrété des mesures strictes :

abattage des troupeaux infectés ou suspects,

élargissement des zones de surveillance,

suspension temporaire des exportations de bovins vivants pour une durée de quinze jours.

Ces mesures s’inscrivent dans le cadre de la réglementation européenne, qui classe cette maladie en catégorie A, exigeant son éradication rapide.

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Une crise symptomatique du désarroi agricole

Au-delà de la question sanitaire, cette action révèle le malaise grandissant du monde rural français. De nombreux éleveurs dénoncent une politique agricole jugée « déconnectée des réalités du terrain » et une perte de confiance envers les institutions.
Selon l’économiste agricole Henri Rouillé d’Orfeuil, « la colère des agriculteurs traduit une crise de reconnaissance : ils se sentent exclus des décisions qui les concernent directement » (in Agriculture et société en mutation, Éditions L’Harmattan, 2021, p. 87).

Cette tension illustre plus largement les fractures territoriales et sociales qui traversent la France rurale, où les agriculteurs peinent à concilier exigences sanitaires, compétitivité économique et préservation des moyens de subsistance.

Imam chroniqueur
Babacar Diop

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