L’enseignement supérieur est un levier essentiel du développement et de l’émancipation des individus. Pourtant, les inégalités de genre persistent dans ce domaine au Togo, limitant la présence et l’évolution des femmes, tant au niveau des étudiantes que des enseignantes-chercheures. Conscients de cette réalité, les acteurs du monde académique et associatif multiplient les initiatives pour favoriser une meilleure représentation des femmes dans l’université.
C’est dans cette optique que le webmagazine AfrikElles a organisé, le mardi 25 mars 2025, un dialogue intergénérationnel entre étudiantes et enseignantes-chercheures de l’Université de Kara (UK). Inscrit dans le cadre de la campagne de communication « Femme et Éducation au Supérieur », cet événement a réuni près de 1 000 participants, parmi lesquels des étudiants, des enseignants, des acteurs sociaux et des représentants des autorités locales et universitaires.
À travers des témoignages poignants, des échanges constructifs et des réflexions approfondies, cette rencontre a mis en lumière les défis que rencontrent les femmes dans l’enseignement supérieur au Togo, tout en proposant des pistes de solutions pour favoriser leur inclusion et leur épanouissement académique et professionnel.
Le dialogue a bénéficié de la participation de Prof. Kuwèdaten Napala, première femme professeure d’histoire contemporaine dans les universités togolaises. Son parcours, marqué par la détermination et la résilience, a servi de modèle aux jeunes étudiantes présentes.
L’événement a également enregistré la présence de plusieurs autorités locales et académiques, parmi lesquelles le Secrétaire général de la préfecture de la Kozah, Mme Alimata Awate, représentante du maire de Kozah 1, et M. Gmagnido Nadjombé Gbeou-Kpayile, Directeur du Centre des œuvres universitaires de Kara (COUK). Leur engagement aux côtés des organisateurs témoigne de l’importance croissante accordée à la question de la parité dans le monde universitaire togolais.
Au cœur de ce dialogue, les témoignages des enseignantes-chercheures ont profondément marqué l’auditoire. Elles ont partagé avec sincérité leur parcours, les embûches rencontrées, ainsi que les stratégies adoptées pour surmonter les obstacles d’un environnement encore largement dominé par les hommes.
Les échanges ont été enrichis par les interventions de spécialistes de l’enseignement et de la jeunesse, notamment :
- Dr Yaou Tamégnon, maître de conférences et chef du département de sociologie à l’Université de Kara,
- Dr Bétiré Daria Ouradei, maître assistante et enseignante-chercheure au département de sociologie,
- Jean-Désiré Aguigah, conseiller jeunesse et Directeur de la Maison des Jeunes de Kara.
Ces experts ont animé des présentations sur des thématiques essentielles, telles que :
« Études supérieures : atouts et défis pour la jeune fille »,
« Comment réussir malgré les obstacles en tant que femme »,
« Études et entrepreneuriat : trouver le juste équilibre ».
Les récits personnels et les expériences partagées ont permis aux étudiantes de mieux appréhender les réalités du parcours académique féminin et de s’approprier des clés pour leur propre réussite.
Les étudiantes présentes ont exprimé leur enthousiasme et leur reconnaissance face à la richesse des échanges. Samira, l’une des participantes, a partagé son ressenti :
“J’ai vraiment apprécié la sincérité des discussions. Avec les témoignages de nos enseignantes, j’ai compris qu’il faut avant tout la volonté et la confiance en soi. Je pense que cela a changé ma vision des choses.”
Au-delà des témoignages, le dialogue a aussi permis d’explorer les défis structurels liés à l’égalité des genres dans l’enseignement supérieur, et de proposer des solutions concrètes pour améliorer la situation des femmes universitaires au Togo.
L’un des principaux objectifs de cette initiative était d’identifier des solutions concrètes et réalisables pour renforcer la présence des femmes dans l’enseignement supérieur. Plusieurs propositions ont émergé de ces échanges, parmi lesquelles :
- Le renforcement des mécanismes de protection des étudiantes, notamment contre les violences basées sur le genre,
- Une sensibilisation accrue des jeunes filles sur les opportunités offertes par l’université et la recherche,
- L’organisation régulière de forums et d’ateliers visant à encourager la sororité et le mentorat féminin,
- Un accompagnement personnalisé des étudiantes pour favoriser leur évolution académique et professionnelle.
Pour Eugénie Gadedjisso Tossou, Directrice générale du webmagazine AfrikElles, ce dialogue intergénérationnel est une étape clé dans une lutte de longue haleine :
“Nous voulons stimuler les jeunes filles à aller au-delà de la licence pour poursuivre un master ou un doctorat. Ce dialogue a prouvé qu’en partageant nos expériences, nous pouvons inspirer et guider les futures générations de femmes académiques.”
Ce succès renforce la conviction que des initiatives similaires doivent être multipliées pour offrir aux femmes une place légitime et équitable dans l’enseignement supérieur.
Le dialogue de Kara n’est pas une fin en soi, mais bien le début d’une dynamique collective visant à encourager et soutenir les ambitions académiques des jeunes filles togolaises. Il appartient désormais aux institutions, aux enseignants et aux étudiantes elles-mêmes de poursuivre cet élan afin de bâtir une université plus inclusive et égalitaire.
Jean-Marc Ashraf EDRON
