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Boycott des élections sénatoriales : Le FDR dénonce une “mascarade démocratique”.

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Boycott des élections sénatoriales : Le FDR dénonce une “mascarade démocratique”.

Alors que le Togo s’apprête à organiser ses premières élections sénatoriales le 15 février, la fronde monte dans une partie de l’opposition. Ce lundi, Paul Dodji Apévon, président des Forces Démocratiques pour la République (FDR), a tenu une conférence de presse pour annoncer le boycott de son parti. Dénonçant une “parodie d’élections” et une réforme institutionnelle imposée, il rejette en bloc la légitimité du futur Sénat et fustige la création de la Ve République.

Mais au-delà de cette posture radicale, ce refus de participation est-il une stratégie politique efficace ou un aveu d’impuissance face à un pouvoir qui verrouille le jeu électoral ?

Le FDR ne décolère pas. Pour Dodji Apévon, ces élections ne sont qu’une mise en scène destinée à légitimer un Sénat déjà acquis au pouvoir en place. Le mode de désignation des sénateurs en est, selon lui, la preuve flagrante.

Contrairement aux députés élus au suffrage universel direct, les sénateurs seront désignés par des collèges électoraux composés de conseillers municipaux et régionaux. Or, ces derniers, issus des élections locales de 2019, sont en grande majorité favorables au parti au pouvoir. Une configuration qui réduit, selon les opposants, toute chance d’alternance au sein de cette nouvelle chambre parlementaire.

“Tout est verrouillé à l’avance. Ce n’est pas une élection, c’est une formalité administrative pour officialiser une assemblée aux ordres.”, a fustigé le leader du FDR.

Le refus du FDR d’entrer dans la compétition électorale ne se limite pas au seul scrutin sénatorial. Le parti rejette en bloc la nouvelle architecture institutionnelle issue de la réforme constitutionnelle adoptée en 2023. Cette réforme, qui instaure un régime parlementaire et un Sénat, a été adoptée sans consultation populaire, ce que dénoncent plusieurs figures de l’opposition.

Pour Dodji Apévon, ce nouveau cadre institutionnel ne vise qu’à renforcer le pouvoir en place tout en donnant l’illusion d’un équilibre démocratique. Le Sénat, loin d’être un espace de débat pluraliste, deviendrait à ses yeux une chambre de compensation politique pour les proches du régime, avec un coût budgétaire supplémentaire pour le contribuable.

En décidant de ne pas participer aux élections sénatoriales, le FDR marque son opposition de manière radicale. Mais cette stratégie est-elle efficace ?

Déjà absent du gouvernement et désormais en retrait du Parlement, le parti de Dodji Apévon se prive d’un levier institutionnel pour faire entendre sa voix. Paradoxalement, bien que député élu lors des dernières législatives, Apévon a refusé de siéger à l’Assemblée nationale, une position qui divise même au sein de l’opposition.

Pour certains analystes, ce boycott risque d’isoler davantage le FDR et de laisser le champ libre au pouvoir en place. D’autres estiment au contraire que cette position reflète un refus d’être instrumentalisé dans un système où les dés seraient pipés d’avance.

Quoi qu’il en soit, le scrutin sénatorial du 15 février se déroulera sans le FDR. Reste à savoir si ce choix marquera une étape dans la contestation politique ou s’il signera la marginalisation du parti sur l’échiquier national.

Jean-Marc Ashraf EDRON

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