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La Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), le service de contre-espionnage camerounais dont 12 agents sont accusés d’avoir torturé et assassiné l’animateur radio Martinez Zogo (photo) en janvier 2023, a récusé les juges de la Cour d’appel du Centre, chargés d’examiner un recours introduit par ses avocats.
Lors de l’audience du 20 mars, les avocats de la DGRE ont mis en cause l’impartialité de ces juges, ce qui a interrompu les débats devant cette cour. Il faudra désormais reconstituer un nouveau collège de juges, et la prochaine audience a été fixée au 17 avril.
Cette récusation était prévisible après l’audience du 20 février dernier, au cours de laquelle l’un des juges avait indiqué à l’avocat de la DGRE qu’il était prématuré pour cette institution d’intervenir dans les débats en tant que partie civile.
Pourtant, la DGRE s’est bien constituée partie civile dans ce procès, une position déjà rejetée à deux reprises par le Tribunal militaire de Yaoundé, devant lequel l’affaire est jugée. Les avocats de la DGRE ont alors introduit un recours auprès de la Cour d’appel du Centre.
Qui a informé ses conseils que la DGRE ne pouvait pas encore intervenir comme partie civile, ce qui a choqué Me Claude Assira, l’avocat de la DGRE. Cette décision a conduit à la récusation intervenue lors de l’audience de ce 20 mars.
En se constituant partie civile, la DGRE tente d’éviter de rejoindre le banc des accusés. Au Tribunal militaire, deux décisions des juges ont déjà rejeté ses tentatives de se constituer partie civile. Pour ce puissant service de renseignement, rejoindre le banc des accusés signifierait courir le risque d’être reconnu civilement responsable de l’assassinat de Martinez Zogo. Outre l’atteinte à l’image de cette institution, la DGRE pourrait également être condamnée à verser des dommages et intérêts aux ayants droit de l’animateur radio.
Avec cette récusation, les débats à la Cour d’appel vont une fois de plus être retardés, le temps de constituer un nouveau collège de juges et de trancher la question. Par ailleurs, au Tribunal militaire, les débats ne peuvent pas se poursuivre, car la saisine de la Cour d’appel a un effet suspensif sur le procès en cours devant cette juridiction. Ainsi, l’audience prévue le 7 avril prochain devant le Tribunal militaire pourrait être une nouvelle fois reportée.