Gaza : Le retour déchirant des déplacés au milieu des ruines après le cessez-le-feu

Après des mois d’affrontements meurtriers, un fragile cessez-le-feu est enfin entré en vigueur à Gaza. Depuis vendredi, des milliers de Palestiniens entreprennent un douloureux pèlerinage vers leurs foyers détruits, alors que les forces israéliennes amorcent un retrait progressif de plusieurs zones de l’enclave.
Selon le correspondant de l’agence Anadolu, un impressionnant exode inverse se déroule du sud vers le nord de la bande de Gaza. Hommes, femmes, enfants et vieillards avancent à pied sur des kilomètres, d’autres sur des charrettes, des bicyclettes ou des motos, le long des routes côtières d’Al-Rashid et de Salah al-Din. Beaucoup n’ont trouvé, à leur arrivée, que des amas de gravats où se dressaient autrefois leurs maisons. Faute d’abris, ils érigent des tentes sur les décombres, symboles d’un espoir qui refuse de mourir.
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Ce retour s’inscrit dans la première phase d’un accord annoncé par le président américain Donald Trump et négocié en Égypte. L’entente prévoit un arrêt total des hostilités, la libération croisée de prisonniers — Israéliens et Palestiniens —, ainsi qu’un retrait progressif des troupes israéliennes. Plusieurs États arabes, dont les Émirats arabes unis, ont salué cette avancée diplomatique comme « un pas positif vers la stabilité régionale ».
Conformément à cet accord, les forces israéliennes se sont retirées de la ville de Gaza, tout en maintenant leur présence dans certains quartiers stratégiques tels que Shujaiya, Al-Tuffah et Zeitoun. Des mouvements similaires ont été observés dans les zones centrales et orientales de Khan Younès, tandis que l’accès à Beit Hanoun et Beit Lahia reste interdit aux civils.
La deuxième phase du plan devrait aborder des questions sensibles : la mise en place d’une nouvelle gouvernance et le désarmement du Hamas — un enjeu qui s’annonce complexe.
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Sur le terrain, la situation humanitaire demeure dramatique. Le Bureau des médias du gouvernement de Gaza indique avoir coordonné plus de 5 000 missions humanitaires, médicales et de secours au cours des dernières 24 heures, témoignant de l’ampleur du désastre et de la mobilisation des secours face à une population exsangue.
Analyse – Entre ruines et résilience
Le cessez-le-feu apporte un souffle d’apaisement, mais ne saurait masquer la profondeur des plaies. Les images de familles marchant au milieu des décombres rappellent que la paix véritable ne se décrète pas : elle se construit, pierre après pierre, dans la justice et la dignité.
Comme l’écrivait le philosophe français Paul Ricoeur : « La mémoire blessée ne guérit que lorsqu’elle devient reconnaissance de l’autre. » (Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Seuil, 2000, p. 125). Gaza, aujourd’hui, incarne cette mémoire blessée du monde.
imam chroniqueur
Babacar Diop













