
Le Mexique est en état de choc après la découverte macabre des corps de neuf étudiants, âgés de 19 à 30 ans, disparus le 27 février dernier dans l’État de Jalisco. Après plusieurs jours d’intenses recherches, les forces de l’ordre ont confirmé que les cinq femmes et quatre hommes ont été retrouvés démembrés, une scène de crime d’une violence inouïe. Cette tragédie relance les inquiétudes face à l’insécurité croissante et à l’influence grandissante des cartels dans le pays.
Un tournant macabre dans l’enquête
L’enquête a pris une tournure dramatique lorsqu’un véhicule abandonné a été localisé à la périphérie d’une zone rurale. Ce véhicule, immatriculé à Tlaxcala – ville d’origine des étudiants – a immédiatement attiré l’attention des enquêteurs. Lors de la fouille, les autorités ont découvert quatre corps à l’intérieur, tous en état de décomposition avancée.
Quelques heures plus tard, une bâche imbibée de sang dissimulant les cinq autres victimes a été retrouvée non loin du véhicule. Selon les premiers rapports médico-légaux, les corps avaient été méthodiquement mutilés et démembrés, un mode opératoire souvent associé aux exécutions perpétrées par des organisations criminelles.
Le procureur de l’État de Jalisco, Ricardo Sánchez Beruben, a déclaré lors d’une conférence de presse :
“Nous explorons toutes les pistes, mais l’implication du crime organisé reste l’hypothèse principale. Ce crime d’une brutalité extrême ne restera pas impuni.”
Des jeunes sans histoire pris pour cible
Les familles décrivent les victimes comme des jeunes sans histoire, animés par des projets d’avenir et étrangers à toute activité illicite. Ce soir-là, ils s’étaient rendus à une fête privée dans une commune voisine avant de disparaître mystérieusement.
“Mon fils voulait devenir ingénieur, il avait des rêves et une vie devant lui. Pourquoi lui ? Pourquoi eux ?” s’interroge, effondrée, la mère de l’un des étudiants.
Les proches dénoncent le manque de réactivité initiale des forces de l’ordre. Pendant plusieurs jours, ils ont multiplié les appels à l’aide sur les réseaux sociaux, lançant des recherches parallèles face à ce qu’ils considèrent comme une lenteur administrative.
Un pays ravagé par l’insécurité
Ce massacre s’inscrit dans un contexte alarmant. Depuis le début de l’année, les violences liées aux cartels se sont intensifiées dans l’État de Jalisco, considéré comme un bastion stratégique pour plusieurs organisations criminelles, dont le Cartel Jalisco Nouvelle Génération (CJNG), l’un des plus puissants et violents du pays.
Selon les données officielles, plus de 110 000 personnes sont actuellement portées disparues au Mexique. Ces chiffres glaçants masquent une réalité encore plus sombre : de nombreuses familles recherchent elles-mêmes leurs proches, faute de moyens d’enquête suffisants.
“Nous vivons dans la peur permanente. Ici, disparaître peut arriver à n’importe qui, à n’importe quel moment,” témoigne un habitant de Guadalajara, capitale de l’État.
Une vague d’indignation nationale
Face à l’horreur, la colère monte. Des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Guadalajara et de Mexico, brandissant des portraits des étudiants et scandant : “Ni una más, ni uno más” (“Plus jamais ça”).
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #DóndeEstán (“Où sont-ils ?”) est devenu viral, alimentant la pression sur les autorités pour faire toute la lumière sur cette affaire.
“Ce n’est pas un simple fait divers. C’est le reflet d’un système défaillant incapable de protéger sa jeunesse,” déclare une représentante de l’organisation “Nos Buscamos”, qui accompagne les familles de disparus.
Un appel urgent à la justice
Sous la pression populaire et médiatique, le gouvernement fédéral a promis des ressources supplémentaires pour accélérer l’enquête. Des équipes spécialisées en criminalistique et des experts internationaux pourraient être mobilisés pour analyser les preuves et identifier les coupables.
“Ce crime ne restera pas impuni,” a affirmé le président mexicain Andrés Manuel López Obrador, ajoutant que des arrestations pourraient avoir lieu “dans les prochains jours”.
Cependant, pour les familles endeuillées, ces promesses ne suffisent pas. “Nous voulons des actes, pas des paroles. Chaque minute sans justice est une insulte à la mémoire de nos enfants,” s’indigne un père, les yeux rougis par les larmes.
Un symbole tragique d’une crise nationale
Cette affaire vient rappeler, une fois de plus, la brutalité aveugle qui frappe le Mexique, où des milliers de familles continuent de chercher désespérément leurs proches.
En attendant des réponses, les familles des neuf étudiants pleurent leurs enfants, arrachés à la vie dans une violence aussi insensée que révoltante. Pour elles, le combat ne fait que commencer : obtenir justice et s’assurer que plus jamais de telles atrocités ne se reproduisent.
Imam chroniqueur Babacar DIOP