Les attitudes essentielles d’un père éclairé : un chemin vers la bienveillance

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Les attitudes essentielles d’un père éclairé : un chemin vers la bienveillance

Dans une société sénégalaise en pleine mutation, le rôle du père connaît une profonde transformation. L’image traditionnelle de l’homme autoritaire et distant tend à s’effacer au profit d’un modèle plus attentif, plus écoutant et plus humain : celui du père éclairé, conscient de sa mission d’éducateur et de guide moral.

Être présent, première preuve d’amour

La première marque d’un père éclairé, c’est la présence. Dans un quotidien souvent accaparé par le travail et les obligations, le temps accordé à l’enfant devient un acte d’amour.
Le psychologue français Didier Pleux rappelle que :

« L’autorité éducative ne vaut rien sans affection, et l’affection se dénature sans présence. »
(Le Complexe de Thétis, Odile Jacob, 2012, p. 78*).

Le Prophète Muhammad ﷺ donnait déjà l’exemple d’un père tendre et proche de ses enfants :

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« Celui qui ne montre pas de miséricorde ne recevra pas de miséricorde. »
(Rapporté par al-Bukhari, n° 5997).

Dans cette perspective, être présent ne se résume pas à vivre sous le même toit, mais à partager les émotions, écouter, et valoriser.

Écouter avant de juger

Le père éclairé n’impose pas : il écoute et oriente. Le pédopsychiatre Marcel Rufo souligne que :

« L’écoute paternelle est un acte éducatif plus fort que la punition, car elle humanise le lien. »
(La vie en désordre, Anne Carrière, 2015, p. 112*).

Dans le Coran, l’exemple de Luqmân le Sage est éloquent : il conseille son fils avec patience et douceur (Sourate 31, verset 17). Cette approche prône une éducation par le dialogue, où le père devient un confident avant d’être un juge.

Incarner les valeurs qu’on enseigne

L’enfant observe avant d’écouter. Le père doit donc incarner les principes qu’il prêche.
Selon le sociologue François de Singly,

« Le père transmet moins par ses discours que par la cohérence entre sa vie et ses principes. »
(Le soi, le couple et la famille, Nathan, 1996, p. 142*).

Une idée déjà défendue par Ibn al-Qayyim, savant musulman du XIVe siècle :

« L’éducation la plus efficace est celle que l’éducateur pratique avant de la prêcher. »
(Tuhfat al-Mawdûd bi Ahkâm al-Mawlûd, p. 37*).

Le père éclairé n’exige donc pas la discipline qu’il ne vit pas, ni la piété qu’il ne cultive pas lui-même.

Autorité bienveillante, discipline avec douceur

Être un père moderne ne signifie pas renoncer à l’autorité, mais exercer une autorité bienveillante. Le psychologue américain John Gottman évoque le « coaching émotionnel » comme modèle éducatif :

« Le père bienveillant ne nie pas les émotions de l’enfant, il les nomme et les guide vers la maîtrise. »
(Raising an Emotionally Intelligent Child, Simon & Schuster, 1997, p. 54*).

Cette approche équilibre tendresse et exigence. Elle prépare l’enfant à devenir autonome, pas soumis.

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Transmettre le sens du sacré

Le père éclairé ne se limite pas à enseigner les règles sociales : il transmet aussi le sens du sacré et des valeurs spirituelles.
Le Coran rappelle cette responsabilité :

« Ô vous qui croyez ! Préservez vos personnes et vos familles d’un feu dont le combustible sera les hommes et les pierres. »
(Sourate 66, verset 6).

Pour le penseur suisse Tariq Ramadan,

« La mission du père musulman n’est pas d’imposer Dieu à ses enfants, mais de leur en montrer la beauté par sa conduite. »
(Éducation et responsabilité, Tawhid, 2010, p. 98*).

Ainsi, le père devient un témoin vivant de la foi et de la morale, et non un gardien rigide des traditions.

La tendresse, force tranquille du père

Contrairement aux clichés, la tendresse paternelle n’est pas un signe de faiblesse, mais de maturité émotionnelle.
Le théologien Ibn al-Jawzi écrivait déjà :

« La douceur dans l’éducation attire le cœur de l’enfant comme la pluie attire la terre desséchée. »
(Sayd al-Khâtir, p. 214*).

Au Sénégal, Serigne Babacar Sy résumait cette sagesse par une formule restée célèbre :

« Éduquer, c’est aimer assez pour corriger avec justice et guider avec douceur. »
(Conférences de Tivaouane, 1955).

Un phare dans la nuit

Le père éclairé n’est pas un homme parfait, mais un homme conscient de son influence. Il cherche à élever des êtres libres, respectueux et ancrés dans des valeurs humaines.

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Comme le résume Imam Babacar Diop, chroniqueur et éducateur :

« Le père est un phare. Non pas pour éblouir, mais pour éclairer sans brûler. Il guide par la lumière de la bienveillance. »

Dans un monde où les repères se brouillent, le père éclairé reste ce repère silencieux, à la fois fort et tendre, autoritaire et affectueux — un modèle de responsabilité et d’amour.

Imam chroniqueur
Babacar Diop

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