Les volcans : colère de la Terre ou sagesse du Créateur ?

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Les volcans : colère de la Terre ou sagesse du Créateur ?

Par Imam chroniqueur Babacar Diop

Ils grondent, crachent des flammes, secouent la terre, détruisent et fécondent. Les volcans impressionnent depuis toujours par leur puissance. Mais que nous disent-ils sur la nature, sur la science, sur nous-mêmes ? Sont-ils simplement des catastrophes naturelles ou les manifestations d’un ordre supérieur dans la création ?

Dans le Coran, Allah interpelle l’intelligence humaine face aux forces de la Terre :

« Ne voient-ils pas que Nous venons à la terre que Nous diminuons de ses extrémités ? »
(Sourate Ar-Ra’d, 13:41)

« Et la terre jettera ses fardeaux, et l’homme dira : « Qu’a-t-elle ? » »
(Sourate Az-Zalzalah, 99:2–3)
Une évocation saisissante des tremblements et éruptions géologiques.

Une mécanique interne de la Terre

Scientifiquement, un volcan est une ouverture dans la croûte terrestre par laquelle des matériaux en fusion (magma), des gaz et des cendres sont expulsés. Il résulte du mouvement des plaques tectoniques et de la chaleur interne de la planète.

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Chaque éruption est à la fois destruction et renaissance : elle rase des régions, mais fertilise les sols, forme de nouvelles terres, renouvelle l’air.

« Le feu des volcans n’est pas un mal, mais une respiration de la Terre. »
— Jacques-Marie Bardintzeff, Volcans, séismes et tsunamis, Dunod, 2018, p. 42

Une pédagogie cosmique

Le Prophète Muhammad ﷺ nous a recommandé de méditer sur les signes d’Allah dans la nature, non pour les craindre, mais pour les comprendre.

« Certes, les éclipses, les tremblements de terre sont des signes d’Allah pour faire peur à Ses serviteurs. »
(Hadith authentique rapporté par Al-Bukhari)

Ibn al-Qayyim (†1350), dans Miftah Dar al-Sa‘ada, enseigne que :

« Chaque catastrophe apparente cache une miséricorde. Le feu purifie, la douleur alerte, la secousse éveille. »
(vol. 2, p. 271)

Ibn Taymiyya (†1328), dans Majmu‘ al-Fatawa, analyse les catastrophes naturelles comme des rappels collectifs :

« Les événements qui secouent la Terre sont parfois des réprimandes, parfois des réformes déguisées, parfois des épreuves. L’important est la lecture que les cœurs en font. »
(vol. 24, p. 301)

Volcans africains et savoirs anciens

L’Afrique connaît plusieurs volcans actifs, notamment le Nyiragongo (RDC), le Kilimandjaro (Tanzanie), le Fogo (Cap-Vert), ou encore les volcans du Cameroun. Les populations locales leur ont souvent associé des récits spirituels, perçus comme des lieux de puissance divine ou de purification cosmique.

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Cheikh Anta Diop soulignait la profondeur des cosmogonies africaines :

« L’énergie tellurique, les feux souterrains, sont perçus comme les forces vitales de la création. »
(Civilisation ou Barbarie, Présence Africaine, 1981, p. 198)

Marabouts et volcans spirituels

Dans les écrits soufis sénégalais, la métaphore du volcan intérieur est fréquente.
Cheikh Ahmadou Bamba écrivait dans Matlabul Fawzayni :

« Purifie ton cœur comme le feu purifie le métal ; laisse jaillir la lumière comme le feu sort de la montagne. »
(vers 718)

Serigne Babacar Sy disait dans ses leçons :

« Il y a dans chaque âme un feu que seule la foi peut canaliser. Sans elle, il détruit ; avec elle, il éclaire. »

Une leçon pour les élèves et les savants

Comprendre les volcans, c’est lire le grand livre de la Terre. C’est saisir l’équilibre entre pression et éruption, entre patience et explosion.

Ibn al-Jawzi, dans Sayd al-Khatir, comparait l’âme humaine à un volcan :

« Si tu la laisses monter sans retenue, elle brûle tout. Mais si tu sais l’écouter, elle peut te réchauffer sans te consumer. »
(p. 134, éd. Dar Ibn al-Jawzi)

Souleymane Bachir Diagne écrit dans Comment philosopher en islam :

« La nature pense en silence, et ses secousses nous interrogent : sommes-nous encore à l’écoute de ses avertissements ? »
(Philippe Rey, 2013, p. 78)

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Les volcans sont bien plus que des montagnes de feu. Ils sont signes, éducateurs, équilibreurs de la Terre. Ils nous rappellent que la force brute peut être au service d’une sagesse invisible, que le danger est parfois au service de la fertilité, et que rien n’est stable dans la création, sauf Celui qui l’a créée.

« Toute chose sur elle [la Terre] doit disparaître. Et demeure la Face de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse. »
(Sourate Ar-Rahman, 55:26–27)

Imam chroniqueur Babacar Diop
babacar19diop76@gmail.com

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