Le général d’armée Assimi Goïta, président de la Transition et chef de l’État malien depuis le 7 juin 2021, pourrait bien rester à la tête du pays jusqu’en 2030. Le Conseil des ministres malien, réuni le mercredi 11 juin 2025 à Bamako, a adopté un projet de loi visant à proroger la durée du mandat présidentiel dans le cadre de la Transition en cours.

Selon un communiqué officiel signé par le secrétaire général du gouvernement, Birama Coulibaly, cette décision s’inscrit dans une série de réformes législatives et réglementaires. Le texte approuvé révise la Charte de la Transition en introduisant la possibilité pour le chef de l’État de bénéficier d’un mandat de cinq ans renouvelable, à compter de l’année 2025. Cette mesure alignerait le Mali sur les standards de gouvernance mis en place par les autres membres de la Confédération des États sahéliens (AES), regroupant notamment le Burkina Faso et le Niger.
Le projet de loi a été présenté par le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au processus électoral. Il fait suite aux recommandations formulées lors des Assises nationales de la refondation, tenues du 27 au 30 décembre 2021, qui avaient proposé 517 mesures prioritaires pour refonder l’État malien, en insistant sur la nécessité de réformes profondes avant l’organisation d’élections générales.
Parmi les avancées notables déjà réalisées, le gouvernement malien rappelle l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum le 18 juin 2023, laquelle a été promulguée par Assimi Goïta le 22 juillet 2023. Ce texte fondamental a ouvert la voie à une restructuration politique et institutionnelle, censée renforcer la légitimité de l’action gouvernementale dans un contexte marqué par les tensions sécuritaires, la crise institutionnelle et la transition politique.
La prochaine étape cruciale sera le vote de ce projet de loi par le Conseil national de Transition (CNT), l’organe législatif provisoire actuellement en place. Si cette instance valide le texte, le président Goïta serait formellement autorisé à briguer un premier mandat de cinq ans à partir de cette année, avec possibilité de renouvellement.
Cette décision intervient dans un climat politique particulier, où la junte militaire malienne continue de justifier le prolongement de la Transition par la nécessité de réformes structurelles et de stabilisation du pays. Les partisans du régime saluent cette démarche comme un pas vers la consolidation institutionnelle, tandis que certaines voix critiques redoutent un glissement progressif vers un régime de long terme sans véritable retour à l’ordre démocratique.
L’avenir politique du Mali semble donc de plus en plus s’inscrire dans une logique de refondation pilotée par l’exécutif actuel, à la lumière des réalités sécuritaires et géopolitiques régionales. Reste à savoir si cette dynamique saura s’accompagner d’un véritable consensus national et d’un engagement ferme en faveur du retour à la souveraineté populaire par les urne
Imam chroniqueur Babacar Diop