Sénégal – Télécoms : un audit révèle des pratiques financières douteuses et des indices de détournement de fonds publics

Un audit financier réalisé au sein du ministère des Télécommunications du Sénégal a mis en lumière une série de graves irrégularités dans la gestion des marchés publics. Selon les informations publiées par IGFM, l’enquête fait état de surfacturations, de soupçons de collusion entre soumissionnaires et d’attributions de contrats à des entreprises manifestement inadaptées aux missions confiées. Ces constats ont conduit les auditeurs à évoquer des pratiques pouvant s’apparenter à un détournement de fonds publics.
Des signes de collusion entre soumissionnaires
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L’audit révèle des indices frappants de collusion. Pour la rédaction de textes juridiques sur l’E-Gouvernement, quatre sociétés auraient soumis des proformas présentant la même faute d’orthographe, « E-Gow », et la même référence. Des similitudes ont également été constatées dans le cadre de l’organisation de la fête du personnel : plusieurs devis comportaient l’erreur « buffet compler » et d’autres mentionnaient « un mil-lions ». Ces pratiques rappellent d’autres cas précédents où la transparence des marchés publics avait été compromise.
Des prix anormalement élevés
L’audit pointe également des tarifs jugés excessifs pour des fournitures de routine : un marteau de menuisier aurait été facturé 12 000 F CFA, une visseuse-perceuse 148 000 F CFA et un pack d’eau minérale 4 500 F CFA, soit plus du double des prix habituels. « Les prix unitaires proposés nous semblent exagérés », relève le rapport.
Des sociétés inadaptées aux missions confiées
Les enquêteurs ont constaté que certains marchés avaient été attribués à des entreprises dont le profil ne correspondait pas aux prestations demandées. Par exemple, une société spécialisée dans le commerce général aurait été chargée d’organiser des missions professionnelles, tandis qu’une autre, active dans la librairie et la confection, aurait été sollicitée pour dispenser des formations en management de projets TIC.
Manque de transparence dans les travaux de réhabilitation
Les travaux de réhabilitation du ministère ont également été critiqués. Le rapport note l’absence totale de cahier des charges et des documents incomplets, alors que le procès-verbal d’attribution certifiait la conformité des offres, ce que les auditeurs qualifient de « mensonger ».
Conclusion des auditeurs
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Face à ces multiples irrégularités, le cabinet Grant Thornton, en charge de l’audit, conclut qu’il ne s’agit pas de simples dysfonctionnements administratifs. Les experts estiment que ces faits constituent des « pratiques assimilables à un détournement de fonds publics, corruption et entente illicite ». Contacté par nos confrères de Libération, le ministère n’a pas souhaité commenter ces révélations.
Imam chroniqueur
Babacar Diop













