Zogbodomey : une quête de maternité vire au drame – Enquête sur une potion artisanale mortelle

Partager cet article

À Zogbodomey, dans le département du Zou, une jeune femme de 25 ans a perdu la vie le jeudi 15 mai 2025 après avoir consommé une potion artisanale supposée favoriser la fertilité. Ce drame, à la fois intime et révélateur, soulève une fois encore la question troublante de la médecine parallèle, de ses risques, et du silence complice qui l’entoure.

Déjà mère d’un enfant âgé de 4 à 5 ans, la victime souffrait d’infertilité secondaire. Dans l’espoir de concevoir un nouvel enfant, elle s’est tournée vers un membre de sa famille : son oncle, décrit par plusieurs sources comme un “connaisseur” des remèdes traditionnels. Ce dernier lui aurait administré une préparation dont les composants exacts demeurent inconnus. Le plus alarmant : avant d’être donnée à la jeune femme, la potion aurait été testée sur deux poulets… morts peu après l’ingestion.

À ce stade, si les causes précises du décès n’ont pas été confirmées par les autorités sanitaires, les premiers indices orientent vers une intoxication aiguë. Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur les faits, identifier les ingrédients de la mixture et établir les responsabilités pénales et morales.

Mais au-delà des faits, ce drame met à nu une réalité trop souvent tue : la persistance d’une médecine de fortune, pratiquée dans l’ombre, entre espoirs déçus et pressions sociales. Dans plusieurs régions du Bénin et d’ailleurs, le poids culturel accordé à la maternité pousse nombre de femmes à explorer des solutions dangereuses, faute d’accès ou de recours à une prise en charge médicale adaptée. Le mutisme face à la souffrance gynécologique, la honte liée à l’infertilité, l’absence de structures d’écoute et le coût des soins spécialisés favorisent ces dérives aux conséquences parfois irréversibles.

Ce décès est une alerte. Il interpelle les autorités sanitaires, les acteurs sociaux et religieux, mais aussi chaque famille. L’heure n’est plus au fatalisme ni au déni. Il est urgent d’encadrer, de sensibiliser, et surtout de rapprocher la médecine moderne des femmes, dans les villes comme dans les campagnes. Car si la maternité est un rêve pour beaucoup, elle ne doit jamais devenir un piège mortel.

Partager cet article

Recherche en direct

Catégories

Autres publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Activer les notifications Accepter Non, merci