🇨🇩🇷🇼 RDC–Rwanda : Tshisekedi tend la main à Kagame pour une “paix des braves”

Analyse politique – Dunia News
Par Frédéric Herman Tossoukpe
Depuis Bruxelles, le président congolais Félix Tshisekedi a surpris la scène diplomatique africaine et internationale en lançant un appel direct à son homologue rwandais Paul Kagame : « Je tends la main au président Kagame et lui demande qu’on arrête cette escalade. » Ce geste, qualifié par ses proches de “courage politique”, s’inscrit dans un contexte de tensions prolongées entre Kinshasa et Kigali, où les appels à la désescalade se sont souvent heurtés à la dure réalité du terrain. Mais au-delà du symbole, cette main tendue est-elle le signe d’un tournant diplomatique, ou simplement un cri du cœur d’un président sous pression ?
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En parlant de “paix des braves”, Félix Tshisekedi convoque une expression lourde d’histoire, popularisée par le général de Gaulle en 1958 face à la guerre d’Algérie : une paix fondée sur la dignité réciproque, non sur la domination. Appliquée au contexte des Grands Lacs, cette expression traduit la volonté du président congolais de sortir du cycle des accusations et des représailles, pour rétablir un dialogue d’État à État. Mais encore faut-il que la main tendue trouve une main qui accepte de la saisir. Or, du côté de Kigali, le silence reste de mise.
Les violences persistantes dans le Nord-Kivu et l’Ituri, alimentées notamment par le M23 et d’autres groupes armés, continuent de semer la mort et la peur. Malgré les efforts diplomatiques déployés — y compris l’accord de paix signé à Washington en juin dernier — les populations civiles vivent encore sous les bombes, les déplacements forcés et les pillages. Pour beaucoup d’observateurs, le discours de Tshisekedi à Bruxelles s’adresse autant à Kagame qu’à la communauté internationale, dans une tentative de repositionner Kinshasa comme acteur de paix plutôt que simple victime d’agression.
Cet appel à la réconciliation pourrait aussi s’analyser comme un acte de communication stratégique à moins d’un an d’échéances politiques cruciales en RDC. Face à la fatigue du conflit, à la pression des bailleurs occidentaux et à l’exaspération des Congolais, Tshisekedi choisit de prendre de la hauteur morale, se présentant comme celui qui “ose parler quand d’autres préfèrent bombarder”. Cependant, une paix véritable ne se décrète pas sur les tribunes internationales. Elle se construit sur la confiance, la justice et la vérité des faits — trois piliers encore fragiles entre Kinshasa et Kigali.
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Et si cette “paix des braves” n’était pas un slogan, mais le dernier appel avant le chaos ? Car dans les Grands Lacs, chaque main tendue non saisie finit souvent par se refermer sur une arme.
Analyse Dunia News – Signée Tossoukpe Frédéric Herman
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