Bénin : des gardes forestières poussées à l’avortement ? Silence, peur et indignation

Une vague d’indignation monte au sein du personnel féminin des Eaux, Forêts et Chasses du Bénin. Selon plusieurs témoignages recueillis auprès de jeunes gardes forestières, certaines seraient poussées à des avortements forcés ou contraints, sous la menace de sanctions disciplinaires émanant de la direction générale. En cause : une directive interne interdisant les grossesses avant cinq ans de service.
Le nouveau Directeur Général, M. Adjakou Akoutan Adjinda, aurait demandé un recensement des agentes enceintes des promotions 2020, 2022 et 2024. Dans plusieurs unités, les femmes ont reçu pour instruction de présenter un certificat de non-grossesse, une exigence qui ne repose pourtant sur aucune base légale connue.
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« Au début, nous pensions à une simple intimidation. Mais depuis que le DGA a exigé des certificats médicaux de non-grossesse, nous avons compris que c’était sérieux », confie une agente sous couvert d’anonymat.
Face à la peur de perdre leur emploi, certaines auraient choisi l’irréparable. Des avortements clandestins auraient été pratiqués pour satisfaire aux exigences hiérarchiques. D’autres, déjà mères, vivent désormais dans la crainte d’une radiation ou d’un blocage de carrière.
Une directive illégale ?
La mesure invoquée rappelle des pratiques anciennes datant des années 1970-1980, quand certains décrets limitaient le droit au mariage ou à la maternité des militaires. Or, ces textes ont été abrogés depuis 2020. En effet, la Cour constitutionnelle du Bénin, par sa décision DCC 20-699 du 26 décembre 2020, a déclaré le décret n°79-287 de 1979 contraire à la Constitution. Autrement dit, aucune loi en vigueur ne justifie aujourd’hui une telle restriction à la maternité.
Un appel à la transparence
Si une loi, un décret ou une directive interne justifie cette mesure, le Directeur Général devrait la rendre publique et en communiquer le fondement légal. Dans le cas contraire, il s’agirait d’un abus d’autorité et d’une violation grave des droits des femmes fonctionnaires, protégés par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par le Bénin.
La rédaction de Dunia News appelle les autorités compétentes – notamment le ministère du Cadre de vie et du Développement durable, le ministère de la Fonction publique, ainsi que la Commission béninoise des droits de l’homme – à ouvrir une enquête et à protéger les victimes potentielles.
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Parce qu’aucune carrière, aussi noble soit-elle, ne devrait se bâtir sur la souffrance silencieuse de celles qui servent l’État.
Rédaction : Tossoukpe Frédéric Herman
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