
Depuis les premières heures de la nuit du 6 juin, plusieurs quartiers de Lomé sont en proie à une vague de contestation d’une intensité rare. La population togolaise, massivement descendue dans les rues, répond à l’appel lancé par des membres de la diaspora et relayé par l’artiste engagé Aamron, arrêté dans des circonstances controversées le 26 mai dernier.
C’est dans la nuit du 26 mai que le chanteur Aamron, connu pour ses prises de position courageuses contre le régime en place, a été enlevé de force à son domicile par une cinquantaine d’hommes en treillis, selon des témoignages recueillis sur place. L’artiste utilisait régulièrement le réseau social TikTok pour dénoncer la mauvaise gouvernance, les crimes économiques, les exécutions extrajudiciaires et la confiscation du pouvoir par la famille Gnassingbé depuis plus de deux décennies.
Quelques jours avant son arrestation, Aamron avait lancé un appel public à une mobilisation nationale pour le 6 juin, date d’anniversaire du chef de l’État togolais, Faure Gnassingbé, en appelant les Togolais « du nord au sud » à descendre pacifiquement dans les rues.
L’appel d’Aamron a été entendu. Depuis minuit, les manifestants se comptent par centaines à Lomé et dans d’autres villes du pays. Les quartiers de Bè, Kodjoviakopé, Dékon, Adakpamé, Adidogomé et Djidjolé sont particulièrement actifs. Des jeunes en colère, pour la plupart, ont bloqué des axes stratégiques à l’aide de pneus en feu, de pierres et de barricades improvisées. Les slogans entendus dans les rues sont sans équivoque : « Libérez Aamron ! », « Faure démission ! », « Togo libre ! »
Face à cette mobilisation spontanée, le pouvoir a mobilisé l’ensemble de l’appareil sécuritaire. En plus de la police nationale et de la gendarmerie, des militaires lourdement armés ainsi que des miliciens civils ont été déployés dans les quartiers en ébullition. Ces derniers mènent une véritable chasse à l’homme, provoquant panique et affrontements.
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Des tirs de gaz lacrymogènes, des passages à tabac, et plusieurs arrestations ont été signalés, notamment à Adakpamé et Dékon. Des blessés graves sont également à déplorer, même si un bilan officiel n’a pas encore été communiqué.
Selon des sources concordantes, une journaliste de TV5 Monde a été arrêtée par des forces de sécurité dans le quartier Djidjolé. Elle aurait été conduite au commissariat local et sommée d’effacer les images qu’elle avait capturées sur les lieux. Cet incident soulève de sérieuses préoccupations sur la liberté de la presse et la transparence du régime face à la crise.
Ce soulèvement populaire est l’un des plus significatifs depuis les grandes marches de 2017. Il coïncide avec une période de fortes tensions politiques, marquée par la répression des opposants, la mainmise sur les institutions et l’étouffement des voix critiques. La diaspora togolaise, particulièrement active sur les réseaux sociaux, joue un rôle de catalyseur dans la contestation.
Le contexte reste extrêmement tendu ce 6 juin à Lomé. De nouvelles manifestations pourraient avoir lieu dans les jours à venir, tant que le pouvoir ne donne aucun signe d’apaisement ou de dialogue. Les appels à la libération immédiate d’Aamron et à la fin de la répression se multiplient.
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