TOGO – 15 OCTOBRE : MÉMOIRE D’UN HOMME D’ÉTAT, FAMBARÉ OUATTARA NATCHABA

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TOGO – 15 OCTOBRE : MÉMOIRE D’UN HOMME D’ÉTAT, FAMBARÉ OUATTARA NATCHABA

Par Dunia News | Lomé, 15 octobre 2025

Le 15 octobre n’est pas une date anodine dans le calendrier politique togolais. Ce jour-là, le pays se souvient de Fambaré Ouattara Natchaba, ancien président de l’Assemblée nationale, disparu il y a cinq ans. Sa mort, survenue le 15 octobre 2020, avait plongé la classe politique et le monde intellectuel dans une profonde émotion. Cinq ans après, le Togo se souvient d’un homme discret, loyal, et d’une figure politique qui aura marqué plusieurs décennies de l’histoire institutionnelle du pays.

Un fils du Nord au cœur de la République

Né en 1945 à Gando, dans la région de l’Oti, Fambaré Ouattara Natchaba fait partie de cette génération d’hommes politiques forgés par la rigueur du savoir et l’expérience diplomatique. Juriste de formation, il s’est imposé dès les années 1980 comme un acteur incontournable du renouveau administratif et parlementaire togolais.

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Son ascension politique fut constante : ministre des Affaires étrangères et de la Coopération de 1992 à 1994, il devint ensuite président de l’Assemblée nationale de 2000 à 2005. À travers ces fonctions, il fut témoin et acteur de la transformation politique du pays, entre ouverture démocratique et maintien du système hérité d’Eyadéma.

Le gardien du Parlement

Fambaré Natchaba n’était pas de ces hommes politiques bruyants. Son pouvoir se manifestait par la retenue, le sens du compromis et la maîtrise du verbe. Sous sa présidence, l’Assemblée nationale a connu des débats cruciaux sur la Constitution, les réformes économiques et les relations entre pouvoir exécutif et législatif. Les archives parlementaires témoignent de son attachement au respect des institutions, même dans les périodes de tension.

Mais le destin politique du président Natchaba restera marqué par la crise de succession de février 2005, au lendemain de la mort du président Gnassingbé Eyadéma. Alors qu’il devait constitutionnellement assurer l’intérim à la tête de l’État, il se trouvait en déplacement à l’étranger. Cette absence fut le prétexte d’une relecture politique du texte fondamental, ouvrant la voie à l’ascension de Faure Gnassingbé, fils du défunt président. L’épisode fit de Natchaba une figure à la fois respectée et tragique — un homme pris dans le tourbillon d’une histoire qui le dépassait.

Une disparition qui interroge le rapport à la mémoire

Le 15 octobre 2020, l’ancien président du Parlement s’éteignait à Lomé, des suites d’une longue maladie. L’annonce avait suscité une vague d’hommages. Le chef de l’État, Faure Essozimna Gnassingbé, saluait alors “un homme d’État loyal, un patriote calme et déterminé”. Des cérémonies sobres avaient été organisées à l’Assemblée nationale, où ses anciens collègues déposèrent des gerbes en mémoire de celui qu’ils appelaient affectueusement le sage de Gando.

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Pourtant, cinq ans plus tard, son nom reste peu évoqué dans les discours officiels. Peu de rues portent son nom, peu d’écoles rappellent son héritage. Ce silence interroge : le Togo oublie-t-il trop vite ceux qui ont bâti ses institutions ?

Le legs d’un homme de compromis

L’héritage de Fambaré Natchaba dépasse la simple politique. C’est celui d’un homme de médiation, convaincu que la stabilité du pays vaut parfois plus que la conquête du pouvoir. Ses anciens collaborateurs se souviennent d’un homme qui préférait les discussions longues aux décisions hâtives, un “bâtisseur d’équilibres” dans une époque d’incertitude.

Sur le plan continental, il fut également membre du Parlement panafricain, où il défendit l’idée d’une Afrique unie par le droit et la solidarité parlementaire. Son engagement en faveur du dialogue reste un repère pour ceux qui croient encore à la politique comme instrument de paix.

Le 15 octobre, un appel à se souvenir

Commémorer le 15 octobre, ce n’est pas simplement évoquer un nom. C’est rappeler qu’au cœur du tumulte politique, il existe des hommes qui, sans bruit, ont maintenu l’équilibre du navire national. C’est aussi une invitation à réhabiliter la mémoire politique, dans un pays où les héros de la République disparaissent souvent sans monuments.

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Le Togo de demain a besoin de cette mémoire. Parce qu’un peuple qui oublie ses bâtisseurs s’expose à reconstruire sans fondation.

Dunia News – Rédaction politique, Lomé
Sous la coordination de Tossoukpe Frédéric Herman

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